Le prélèvement à la source ne se mettra pas en place le 1erjanvier 2018, sauf si M. Mélenchon ou le PS gagnent les législatives (ce qui a moins de chance de se produire que la chute d’un astéroïde avant 2050 !).
En effet, si LR et l’UDI ont la majorité à la Chambre en juin, la réforme ira à la poubelle. Si les séides de M. Macron parachèvent la victoire de leur champion, elle sera décalée d’un an, le temps, soi-disant, de l’évaluer.
M. Eckert, le ministre du Budget actuel, est d’autant plus furieux que M. Macron n’avait émis alors aucune critique lorsqu’il était ministre de l’Économie ! Deux ans après, il se déjuge alors qu’il aurait pu, s’il le souhaitait, tuer dès le départ le processus et éviter ainsi les lourdes dépenses qu’ont entraînées les études de faisabilité, les changements de logiciel et la mise en place d’une réforme mort-née.
M. Macron justifie le « report » par les mises en garde des syndicats des impôts, appuyées par celles du patronat. Selon eux, on courrait à la catastrophe. 10 % des entreprises seraient, paraît-il, incapables de prélever les impôts à la place de l’État, d’où la crainte d’un déficit catastrophique, susceptible peut-être de briser la timide reprise que connaîtra la France en 2017.
Évidemment, il restait encore six mois pour peaufiner les préparatifs et les Cassandre auraient sans doute eu tort, mais le bon sens recommandait néanmoins de ne pas jouer le sort de notre pays sur un jet de dés.
Mais la gauche accuse M. Macron d’avoir une autre raison, plus « sournoise », pour geler le prélèvement à la source. Pour compenser l’avalanche de mesures impopulaires qu’il va prendre, il veut supprimer les charges sociales salariales et augmenter la CSG, ce qui se traduira pour les salariés (et uniquement pour eux) par un gain net (En Marche ! affirme qu’il sera équivalent à un treizième mois. Cela sera beaucoup moins en fait). Si, en 2018, on prélève directement les impôts sur la feuille de paye, personne ne s’apercevra de ce coup de pouce ! Impensable politiquement, d’où l’obligation du report pour M. Macron.
En fait, le prélèvement à la source n’a aucun intérêt et est même dangereux pour le pays, sauf si on introduit deux changements fondamentaux mais néfastes pour les classes moyennes : le premier consisterait à obliger chaque conjoint à déclarer séparément ses revenus (ce qui entraînerait, en moyenne, une hausse de 40 % de l’impôt sur le revenu pour les couples !) ; le deuxième impliquerait la suppression de la CSG pour les revenus les plus modestes (évidemment, les autres compenseraient, ce qui induirait un matraquage fiscal pire que celui de M. Hollande). Les socialistes et M. Mélenchon prévoyaient d’imposer ces deux réformes lors de la prochaine législature (et ils le feront, lorsqu’ils accéderont à nouveau au pouvoir, ce qui se produira tôt ou tard !).
La reculade de M. Macron est-elle provisoire ou définitive ? Les classes moyennes sont-elles sauvées pour un an ? Ou plus ?
Christian de Moliner – Boulevard Voltaire