Le lecteur de DVD / Fanfan la Tulipe

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Par Alain Sanders

La première mention historique de Fanfan la Tulipe, figure emblématique d’un soldat démerdard, franc buveur et trousseur de jupons, date d’une chanson de 1744 (attribuée soit à Voltaire, soit à Mangenot) : « Tiens, serre ma pipe/Garde mon briquet/Et si la Tulipe/fait le noir trajet/Que tu sois la seule/Dans le régiment/Qu’ait le brûle-gueule/De son cher amant. »
La guerre de Sept ans. Dite, par oxymore, la guerre en dentelles. Et un film, de 1952, signé Christian-Jaque, pour raconter les aventures de ce jeune gaillard du régiment d’Aquitaine. Scénario de René Fallet, dialogues d’Henri Jeanson. Avec Gérard Philipe et Gina Lollobrigida.
Du bon cinéma à la française, truculent, héroïque, un brin impertinent. Un film de cape et d’épée.
Pourquoi a-t-il fallu qu’un certain Gérard Krawczyk ait l’idée, en 2003, d’en faire un remake ? Avec Vincent Perez dans le rôle-titre et Penelope Cruz dans celui que… remplissait si bien Gina Lollobrigida. Le problème, c’est qu’on patauge dans les anachronismes les plus vulgaires et les vulgarités les plus anachroniques. Le personnage du traître est devenu une sorte de nabot teuton genre Papa Schultz (saluts nazis à la clef). Quant au personnage de Louis XV, il a été confié à Didier Bourdon (jadis, c’était à Jean Marais qu’on confiait cette responsabilité et c’était autre chose). A l’époque, ce film avait été choisi pour faire l’ouverture du Festival de Cannes. Ce qui résume l’état des lieux (dans le sens le plus « petit coin » du terme). A oublier.
Pour privilégier le Christian-Jaque, dont les extérieurs ont été tournés à Grasse (domaine de Saint-Donnat), à Sospel et au château de Maintenon. Belle occasion de rappeler que Fanfan ayant sauvé Madame de Pompadour d’une attaque de bandits de grands chemins, il reçoit d’elle une broche en forme de tulipe, d’où son surnom. On a aussi Fier-à-Bras (Noël Roquevert), Tranche-Montagne (Olivier Hussenot), le sergent La Franchise (Nerio Bernardi) et, dans le rôle de Madame de Pompadour, la délicieuse Geneviève Page. Douce France…

 

 

 

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