Une cascade “incroyablement haute”, un bosquet plongé dans le brouillard et des résidus de glaciers : l’artiste danois d’origine islandaise Olafur Eliasson a imaginé un triptyque sur le thème de l’eau pour le château de Versailles.
L’artiste multimédia de 49 ans (photographie, sculpture, installation, architecture…) a été invité à investir cet été le parc du château, comme l’avaient fait avant lui Jeff Koons (2008), Takashi Murakami, Lee Ufan ou Anish Kapoor (2015), dont l’installation avait suscité une vigoureuse polémique. Critiquée par des traditionalistes, l’une de ses sculptures monumentales, placée dans l’axe central et baptisée par la presse “Le vagin de la Reine”, avait été endommagée par des grafittis, dont certains antisémites.
Eliasson s’est fait connaître avec des réalisations spectaculaires comme la cascade lumineuse sous le pont de Brooklyn ou le “soleil couchant” de l’exposition “The weather project” à la Tate Modern à Londres. Il s’est beaucoup promené dans le parc de Versailles, y compris la nuit, et a même fait découvrir à la présidente de l’établissement public du château, Catherine Pégard, des endroits qu’elle ne connaissait pas, a-t-elle dit lors d’une conférence de presse lundi soir.
La cascade, dont l’eau tombera du sommet d’une grue dans le Grand Canal, a été conçue pour être vue depuis la Galerie des Glaces et la terrasse devant le palais. Elle sera “incroyablement grande”, a indiqué Olafur Eliasson, refusant de communiquer sa hauteur. Une fontaine monumentale avait été imaginée par André Le Notre, le concepteur du parc de Versailles, mais n’a jamais été réalisée, a-t-il rappelé.
Un anneau de brume dans le bosquet de l’étoile
L’artiste, qui travaille avec une centaine de collaborateurs dans son studio de Berlin, va par ailleurs créer un anneau de brume dans le bosquet de l’Etoile. Un voile que les visiteurs devront traverser pour pénétrer au coeur de ce bosquet, un des plus grands de Versailles.
Enfin, Olafur Elisasson va couvrir le sol du Bosquet de la Colonnade de résidus de moraines, des débris rocheux érodés et transportés par des glaciers du Groenland. Le plasticien de nationalité danoise, qui n’a pas précisé le coût de son intervention (du 7 juin au 30 octobre), va également créer des oeuvres à l’intérieur du château, sur lesquelles il est resté très mystérieux. “Elles reposent entièrement sur l’idée d’exploration.
On pourra passer à côté sans les remarquer”, a-t-il dit, se contentant d’indiquer: “Il s’agit du subconscient du miroir. Que voit le miroir ?” “Je trouve passionnant que chaque artiste arrive avec son propre regard sur le lieu”, a dit Catherine Pégard à l’AFP. “Tout l’objet des expositions d’art contemporain à Versailles est de faire dialoguer cet art avec le patrimoine”, a-elle ajouté.