Parmi les institutions à l’utilité coûteuse figure le Défenseur des droits, successeur de la sinistre HALDE que personne ne regrette. Il s’appelle Jacques Toubon. Vieux routier du RPR, chiraquien pur jus, l’ancien ministre d’on ne sait plus quoi a trouvé le savoureux fromage qui manquait à sa carrière. Un fromage au goût de mystère, car la rémunération du personnage est impossible à déterminer.
Jacques Toubon, infatigable VRP du multiculturalisme, est très favorable à toutes les idées progressistes dont le monde et Le Monde se délectent. Notre Défenseur des droits, sans doute pour se faire pardonner quelques positions sulfureuses dans sa jeunesse – peine de mort, homosexualité, immigration -, s’est racheté depuis. Avant sa nomination, il exerçait les nobles fonctions de directeur du musée de l’Immigration, un machin installé porte Dorée, dans le magnifique ancien musée des Colonies, que ne visitent plus que des classes d’élèves aux enseignants syndiqués et zélés.
Le dernier rapport de monsieur Toubon – enfin, de son équipe de 250 personnes — s’intitule « Les droits fondamentaux des étrangers en France ». Dès les premières lignes, on devine l’orientation du document : « L’idée de traiter différemment les personnes n’ayant pas la nationalité française, de leur accorder moins de droits que les nationaux est si usuelle et convenue qu’elle laisserait croire que la question de la légitimité d’une telle distinction est dépourvue de toute utilité et de tout intérêt. » Et c’est parti pour 300 pages de moraline dont l’essentiel se résume à une idée unique : il est injustifiable de réserver certains avantages aux Français.
Il faudrait que monsieur Toubon explique à la France d’en bas le sens de son propos. De la part de gens qui n’ont que le mot « république » à la bouche, c’est assez piquant. C’est en effet la troisième du nom qui a institué, aux côtés de tous les « piliers » républicains, la discrimination au profit des nationaux. L’Ancien Régime, auquel on doute que Jacques Toubon veuille revenir, ne voyait aucun inconvénient à confier la direction d’une armée ou les finances du pays à un étranger – Necker était suisse.
Mais à ce compte-là, il convient de supprimer toute barrière : les visas pour les ressortissants étrangers ; l’obligation de parler français pour être naturalisé ; l’exigence de diplômes reconnus pour être médecin ou architecte formé hors de France ; la restriction du droit de vote aux nationaux (déjà écornée aux élections locales) et j’en passe. En bref, à quoi servira la nationalité française si aucune distinction n’est faite entre les étrangers et nous ?
À rien. Et c’est l’objectif de la technocratie qui nous gouverne. Il ne doit rien rester entre le dirigeant et l’individu, égalitaire, atomisé, interchangeable, insignifiant. En bref, un consommateur idéal, aboulique et soumis. Tant qu’il consomme et se tient tranquille… Et, bien sûr, un individu déraciné, coupé de son histoire, est plus malléable qu’un homme fier de sa patrie et fort de son identité. Tous les Jacques Toubon de la Terre le savent. Et les Macron, les Juppé, les Valls et les Le Maire, et tous les autres qui n’aiment pas la France.
On ne dénoncera jamais assez le lien entre cet immigrationnisme forcené et l’ultralibéralisme financier aux mains de quelques-uns. La souveraineté est un tout. Souvenons-nous-en.