Cette étrange amnésie de l’Assemblée nationale quant au harcèlement sexuel…

Si l’affaire Denis Baupin délie les langues au sujet du harcèlement sexuel, elle permet aussi d’ouvrir les yeux sur les solutions déjà existantes. Lors de la réunion du groupe socialiste mardi 10 mai, la députée et questeure Marie-Françoise Clergeau (PS) a rappelé l’existence d’une procédure propre à l’Assemblée nationale (AN) pour prendre en charge les questions de harcèlement, physique ou moral.

Etonnamment, cette pratique existe depuis… 2013! Mais les députés et les assistants parlementaires semblent la découvrir. Elle offre la possibilité aux personnes victimes de harcèlement ou de comportements inappropriés de s’en ouvrir à une personne référente, en l’occurrence, Catherine Leroy, chef de division au secrétariat général de l’Assemblée et de la présidence (qui refuse toute déclaration à la presse). Celle-ci oriente ensuite la personne en fonction du statut de l’agresseur. Si c’est un ou une élue, c’est le déontologue qui est saisi. Si c’est un fonctionnaire, c’est à l’administration de prendre le cas en charge. Les deux procédures permettent d’aboutir à des sanctions, comme la démission, dans le cas de Denis Baupin, ou la mise au placard, dans le cas des fonctionnaires.

“On connait tous des histoires de SMS graveleux ou inconvenants et des remarques lourdingues”, explique Marianne Darmon, la présidente du cercle des collaborateurs et attachés parlementaires. “Les députés hommes ne sont pas les seuls à mettre en cause, il y a aussi des femmes qui adoptent des comportements choquants envers les jeunes hommes. Et il y a aussi des collaborateurs et des fonctionnaires qui sont très problématiques”, rappelle la jeune femme.

(…) Une mise en place facile, une procédure simple, mais peu de personnes semblent au courant de son existence… “Nous n’avons jamais été informés de cette possibilité de recours avant l’annonce en réunion de groupe ce mardi 10 mai, confirme la députée PS Marie-Arlette Carlotti, interrogée par téléphone. Encore plus étonnant, une collaboratrice parlementaire proche de l’UDI explique au HuffPost avoir trouvé l’information dans le livret des députés, soit ceux-là mêmes qui seraient les premiers visés par la procédure.

(…) Mais le cas de Denis Baupin prend une tournure intéressante. “Cette affaire a alerté l’ensemble des parlementaires, raconte la députée PS Marie-Arlette Carlotti, tout le monde craint qu’une affaire similaire ne se produise dans son propre groupe. Nous sommes tous d’accord pour devenir plus tâtillons, même ceux qui n’ont pas signé le texte demandant la levée de l’omerta sont solidaires.”

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