De 1965, l’histoire officielle a retenu qu’elle fut la première élection au suffrage universel direct. Vrai, mais très réducteur. C’est la manière même de faire campagne qui change avec le mode de scrutin. Exit les tracts arides, aux textes militants. Exit les réunions où ne viennent que les plus politisés des électeurs. Place à la petite lucarne. Plus de la moitié des Français possèdent un poste de télévision. Pour la première fois, ils découvrent, en dînant, le visage de ceux qui prétendent à les diriger.
Pour l’occasion, le pouvoir ouvre grand les antennes de l’audiovisuel public à l’opposition. Un vrai tournant tant les autorités exercent alors un contrôle étroit sur l’information diffusée par les deux chaînes de télévision. Chaque jour, par un coup de fil en fin d’après-midi aux dirigeants de l’ORTF, le secrétariat d’Etat à l’Information définit les grandes lignes du journal du soir. Gaston Monnerville, alors président du Sénat, et donc deuxième personnage de l’Etat, n’a pas accès aux ondes pour ne pas faire de l’ombre au gouvernement.
Avec la campagne, tout change. Chaque candidat aura un accès strictement identique aux moyens de propagande, en particulier sur les antennes de l’ORTF. Un décret de 1964 en définit les modalités: ce sera deux heures de radio et deux heures de télévision pour chacun.