Par Alain Sanders
Quelles qu’aient pu être ses œuvres après la guerre, Leni Riefensthal (1902-2003), superbe jeune femme pleine de santé et de passion(s), reste surtout connue pour avoir été la réalisatrice de documentaires – dont tout le monde reconnaît le génie – sur le IIIe Reich.
Star du cinéma muet, elle « explose » dans un film d’Arnold Franck en 1926, La Montagne sacrée. Mais elle a plus une vocation de cinéaste que de comédienne. Elle le prouve avec un premier film, La Lumière bleue, dont les thèmes sont aux antipodes du nazisme. C’est pourtant sous le IIIe Reich qu’elle réalise deux chefs-d’œuvre : Le Triomphe de la volonté (1935), sur le congrès du NSDAP à Nuremberg en 1934, et Les Dieux du stade (1938), sur les Olympiades de Berlin. Elle portera le premier comme un stigmate à vie. Le second sera récompensé par la Médaille d’or du Comité international olympique en 1948 et réputé être le plus grand film sur le sport jamais réalisé.
Après la guerre, elle sera notamment, en 1962, la photographe des Nouba, magnifique ethnie de la province soudanaise du Kordofan. Deux livres, inégalés à ce jour, en témoignent. Son dernier film, Impressions sous-marines, date de 2002. Elle est morte l’année d’après. Elle avait 101 ans.
Sportive accomplie (elle passa son brevet de plongée sous-marine à l’âge de 71 ans !), elle passa plusieurs fois près de l’accident fatal. Pas de quoi l’impressionner, elle qui, arrêtée en 1945 puis enfermée dans un hôpital psychiatrique en 1947, avait été humiliée et torturée par les vainqueurs…
Ed. Pardès, coll. « Qui suis-je ? »