Si, en France, la superficie moyenne des jardins est d’environ 500 m2 (contre 350 m2 en Allemagne et 110 m2 aux Pays-Bas), le nombre de petits jardins est en très nette augmentation notamment sous la poussée des citadins, de plus en plus nombreux à s’adonner à cette activité millénaire. Cicéron (106-43 avant J.-C), le grand auteur romain, n’écrivait-il pas, dès l’Antiquité, que «quand on a une bibliothèque et un jardin, on ne manque de rien»?
Espace d’agrément, de détente, de convivialité, de jeu, de ressourcement: les fonctions de ces oasis de verdure sont multiples sans oublier leur vocation nourricière. Même sur une petite surface il est possible d’aménager un coin potager. Avec ce bonheur sans cesse renouvelé de manger, à peine cueillis, «ses» fruits et «ses» légumes à la saveur incomparable. Et pas seulement d’un point de vue subjectif: il est prouvé que plus le délai entre récolte et consommation est court et plus les qualités organoleptiques d’une tomate, d’une pomme ou d’une salade sont préservées.
Mais un petit espace oblige forcément à faire des choix, parfois douloureux. Impossible de tout avoir et de tout faire pousser sur 100 m2 ou moins. Avant de procéder à un quelconque aménagement, la première démarche consiste donc à hiérarchiser ses priorités et à faire un état des lieux le plus précis possible.
Le jardin est-il bien éclairé ou, au contraire, entouré de grands immeubles qui lui occultent la lumière le plus clair du temps comme c’est souvent le cas en ville? Est-il rectangulaire, étroit, carré, de forme complexe? Comment est-il positionné par rapport à la maison? Est-il déjà planté de grands arbres? Quelle est la nature du sol, son acidité? Est-il suffisament riche, profond et bien drainé? Autant de choses à savoir afin de choisir les associations de plantes les mieux adaptées à votre environnement et éviter ainsi les déconvenues.
Dans Petits jardins actuels, un livre très bien fait, qui paraît ce mois-ci aux éditions Ulmer (208 p, 450 illustrations, 25 €), le paysagiste anglais Noel Kingsbury donne à partir de cas réels, les «outils» qui vous aideront «à prendre les bonnes décisions» pour transformer votre petit coin de terre en oasis de verdure.
Illusions d’optique
Dans un petit jardin, il est préférable de choisir des arbres au feuillage aéré et à la croissance verticale pour laisser passer la lumière. Création: Tom de Witte.
Puisque vous manquez de place, commencez par donner l’impression que votre jardin est plus grand qu’il ne l’est en réalité en recourant à des illusions d’optique. Les astuces ne manquent pas, comme l’installation d’une porte factice sur un muret pour faire croire qu’il y a autre chose à découvrir derrière. Ou bien diviser le terrain en plusieurs zones séparées par des chaises ou un banc de pierre, dessiner des allées qui convergent en un même point, ou encore disposer des écrans végétaux semi-transparents de façon à laisser passer la lumière tout en dissimulant un bassin ou une table et des chaises d’extérieur. L’installation d’un grand miroir, dont le cadre est caché par des plantes grimpantes est un autre artifice très efficace. Tous ces stratagèmes permettent de «voir le jardin sous des angles différents et d’avoir plusieurs points de vue, ce qui contribuera à agrandir visuellement l’espace» souligne l’auteur.
L’abolition des frontières de votre Eden miniature procède de la même démarche. S’il n’est pas possible de déterminer du premier coup d’œil où il commence et surtout où il finit, le pari est gagné. Par exemple en plantant des arbres et des arbustes de telle façon que leur ramure et leur feuillage se confondent avec ceux de vos voisins ou en installant une pergola recouverte de plantes grimpantes. Le recours à la diagonale plutôt qu’aux classiques lignes perpendiculaires, tant pour les allées que pour la délimitation des massifs végétaux, contribuera également à rendre l’espace plus grand. Mais si l’on est un farouche partisan des lignes droites on peut jouer sur la perspective en réduisant, par exemple, la largeur des allées au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la maison: le jardin paraîtra alors plus long qu’il ne l’est en réalité.
Le second défi consiste ensuite à remplir efficacement l’espace, de façon à attirer le plus possible le regard vers l’intérieur du jardin. Un bassin, une fontaine ou une grande mare, placés au centre est un bon moyen d’y parvenir. Mais il est possible d’obtenir le même résultat avec des arbustes ou des plantes vivaces luxuriantes qui donneront l’impression d’être en immersion totale en veillant toutefois à ce qu’ils ne soient pas trop haut pour éviter tout risque de… claustrophobie.
Reste ensuite à sélectionner les plantes qui vous permettront de profiter d’un jardin attrayant tout au long de l’année et à les associer de façon harmonieuse. Le principe retenu par Noel Kingsbury consiste à procéder par strates disposées verticalement comme cela se fait spontanement dans la nature, en particulier en lisière de forêt: d’abord une couche supérieure composée d’arbres ou d’arbustes de haute taille ayant besoin de lumière, une couche intermédiaire composée d’arbustes ou de vivaces formant une masse touffue et enfin une couche de plantes de taille plus petite destinées à combler les trous et à décorer les bordures.
Notez, pour finir, que la pelouse, n’est pas toujours conseillée dans un espace restreint, en raison notamment des risques de piétinement sur les zones très passantes ou si le jardin, trop ombragé, n’est pas favorable à la pousse de l’herbe. Mieux vaut dans ces conditions opter pour un dallage ou… un gazon synthétique que vous n’aurez, en plus, pas besoin de tondre!