La réputation de Vivaldi n’est aujourd’hui plus à faire. Il fait indéniablement partie des compositeurs baroques les plus joués et les plus adulés. Sa musique, rythmique, vive, audacieuse plait instantanément à l’oreille. Rien d’étonnant qu’à son époque le compositeur connaissait une notoriété exceptionnel. De Vienne à Munich en passant par Prague, Londres, Paris, Vivaldi voyageait partout afin de répondre aux commandes de prestigieux mécènes. Très vite il deviendra LE compositeur à la mode, faisant de la Pietà, œuvre charitable où il officie en tant que maître de musique, un des hauts lieux artistiques de Venise. Sa musique fut cependant longtemps oubliée après sa mort en 1741 et il faudra attendre le milieu du XXe siècle pour voir son œuvre renaitre. Son exceptionnelle virtuosité violonistique, les centaines de concertos qu’il a composés dont les plus célèbres sur le thème des saisons assurent aujourd’hui son succès.
Tout le monde l’appelait Il prete rosso « Le prêtre roux » (en raison de sa chevelure flamboyante) et pourtant il ne célébrait pas la messe. Tellement habitué à le considérer comme compositeur, on en oublie presque qu’il est devenu prêtre avant de se consacrer totalement à la musique ! Mais pourquoi avoir choisi les ordres s’il avait un tel penchant pour la musique ? Sylvie Mamy explique, dans sa biographie consacrée au compositeur, qu’à Venise on avait toujours besoin de prêtres. Au XVIIe siècle, la ville était constamment en recherche de clercs aptes à servir les 70 paroisses où l’on célébrait environ une quarantaine de messes par jour ! Pour un garçon issu d’un milieu modeste, devenir prêtre était une manière de s’élever socialement mais aussi de recevoir un enseignement. Même si on ignore les réelles motivations de Vivaldi, l’histoire nous apprend qu’il devint diacre à l’âge de 22 ans, puis officiellement prêtre à 25 ans. Il célébra sa première messe dans sa paroisse d’appartenance, en l’église de San Giovanni in Oleo.
Si la musique a pris une telle place dans sa vie, c’est qu’il la pratiqua très tôt en parallèle de sa formation de prêtre. Se révélant très vite extrêmement talentueux, il obtint son premier poste fixe de musicien tout juste après son ordination : maitre de violon à la Pietà. Le voilà donc investit de deux fonctions : prêtre et violoniste.
La musique avant tout !
Pourtant sa mission de prêtre va très vite être mise de côté jusqu’à être totalement abandonnée deux ans après son ordination. L’histoire retient qu’il se plaignait de crises d’asthmes, ce qui l’empêchait d’assurer l’office. Vrai ou faux ? Sylvie Mamy semble remettre en cause cette raison, notamment au vue du grand nombre d’activités musicales à laquelle il s’adonnait et qui devait sans doute le fatiguer bien plus que la célébration de messes. Quoiqu’il en soit, nul doute que cela arrangea très certainement Vivaldi qui pouvait désormais se consacrer entièrement au plaisir de la musique et de la composition.
Si Vivaldi est indéniablement rattaché aux « Quatre saisons », il n’est pas uniquement le roi du concerto et il se consacra également à l’opéra et à la musique sacrée. C’est dans cette dernière catégorie que Vivaldi laisse libre cours à son génie dans le traitement des chœurs. Sa musique, très polyphonique laisse apparaitre son style enjoué et festif qui lui est propre. Parmi le répertoire redécouvert depuis les années 1950, le Gloria RV 589 n’est plus à présenter et demeure le plus célèbre : Gloria RV 589 :
Un florilège de ses plus belles œuvres
Plus d’une cinquantaine d’œuvres sacrées sont revenues jusqu’à nous. Impossible de toutes les présenter, mais voici quelques morceaux à écouter juste pour le plaisir. Énergie, rythme, intensité…Vivaldi c’est la musique idéale pour commencer la journée de bonne humeur !
Gloria RV589-Domine Fili Unigenite
Dixit Dominus RV 594 – Sicut erat principio
Domine ad adiuvandum me festina RV 593
Finalement, si Vivaldi ne célébrait pas la messe, ne servait-il pas Dieu aussi bien, voire mieux, qu’à travers sa musique ?