Odilon Redon, peintre symboliste (Vidéo)

 

1840, Alors que ses parents viennent de rentrer de Louisiane (États-Unis d’Amérique) Bertrand Redon, dit Odilon, naît le 20 avril 1840, à Bordeaux, le berceau familial. Il est le deuxième d’une famille de cinq enfants. Il a un frère, Ernest Redon, de quatre ans son ainé, une petite sœur, Marie Redon, et deux petits frères, Léo et Gaston, ses cadets de 4 ans, 10 et 12 ans. De santé fragile, Odilon est mis en nourrice à la propriété viticole de Peyrelebade (près de Bordeaux) achetée par son père alors qu’il était encore en Louisiane. Odilon partage son enfance entre Bordeaux et Peyrelebade où il vit avec son oncle. Dans cette campagne située dans le Médoc, non loin des Landes, il passe certainement beaucoup de temps à rêver, à regarder passer les nuages et à observer la nature. Sa vie est sereine et religieuse ; ses parents l’emmènent en pèlerinage à la basilique de Verdelais (sud-est de Bordeaux) afin de guérir son épilepsie (maladie nerveuse), guérison qui se produit en 1850.
Peyrelebade, vers 1897. Huile sur toile, 36,5 × 45 cm. Paris, musée d’Orsay © Photo RMN (musée d’Orsay)
1851, il a onze ans. En meilleure santé, Odilon vient vivre à Bordeaux avec ses parents. Il reçoit une éducation bourgeoise. Il va enfin à l’école mais il s’y ennuie. Le dessin semble dominer son apprentissage, il obtient d’ailleurs un prix. Il suit des cours de violon et de piano.

1852, il fait sa première Première communion.
Pendant toute son adolescence Odilon vit à Bordeaux. Il rencontre des personnages passionnés par leur métier : peintre, aquarelliste, botaniste.

En 1857, ses parents l’envoient à Paris pour des études d’architecture qu’il suit à contre-cœur. À partir de cette époque, il se déplace souvent entre Bordeaux et Paris. Il développe sa carrière de dessinateur et graveur et fréquente les milieux artistiques.

En 1880, le 1er mai, il épouse Camille Falte (1852-1923) à Paris. Elle est originaire de l’île Bourbon (aujourd’hui l’île de La Réunion). Un premier fils, Jean, naît le 11 mai 1886. Il décède hélas six mois et demi plus tard. En 1889, un second fils, Arï, vient au monde, Redon retrouve le bonheur. Son épouse joue un rôle très important dans sa carrière, elle le soutient au quotidien et lui assure une stabilité.

1897, de la fin avril à mi-novembre, dernier séjour prolongé à Peyrelebade avant la vente de la propriété familiale. La famille se dispute au sujet de cette liquidation. Redon s’en éloigne.

Sa formation et ses premières influences

À 7 ans, Odilon visite Paris et ses musées avec sa gouvernante.

À 10 ans, il commence sa scolarité à Bordeaux.

À 11 ans, en 1851, il étudie le violon, le piano et copie des litographies. Il obtient un prix de dessin.

À 15 ans, en 1855, il prend des cours de dessin avec le peintre et aquarelliste bordelais Stanislas Gorin (il découvre avec lui les œuvres de Jean-François Millet, Jean-Baptiste Corot, Gustave Moreau, Eugène Delacroix).

À 17 ans, en 1857, à Bordeaux, avec le botaniste Armand Clavaux, il s’intéresse à la botanique et à la biologie, aux textes de Charles Beaudelaire, Charles Darwin, Gustave Flaubert, Edgar Allan Poe et à la poésie hindoue.

À 19-20 ans, en 1859 et 1860, il se partage entre Paris et Bordeaux. À Paris, il rencontre le peintre romantique Eugène Delacroix. À bordeaux, il fréquente le cercle libéral du journal Bordelais, La Gironde, participe à l’orchestre du Cercle philharmonique et à une association d’art et de poésie.
Il expose pour la première fois deux aquarelles à l’exposition de la Société des amis des arts de Bordeaux.

À 22 ans, en 1862, il retourne à Paris. Il copie des œuvres au Louvre. Il se présente au concours d’architecture de l’École des beaux-arts. Mais il échoue. Il revient à Bordeaux et décide de voyager dans les Pyrénées françaises et espagnoles.

À 24 ans, en 1864, pendant six mois, il étudie la sculpture (modelage) et copie l’antique à Bordeaux « dans l’atelier particulier du professeur de la ville ». Il rencontre Camille Corot qui l’influence à ses débuts. Entre dans l’atelier de > Jean-Léon Gérôme à l’École des beaux-arts, mais il n’adhère pas à son enseignement.

À 25 ans, en 1865, à Bordeaux, il suit un apprentissage chez Rodolphe Bresdin (dessinateur et graveur français) qui l’initie à l’art de l’estampe. Avec lui, Redon découvre les œuvres d’Albrecht Dürer et Harmenszoon van Rijn Rembrandt.
Odilon Redon (1840-1916), Arbre et taillis. Crayon noir, 22,5 x 15,2 cm. Paris, musée du Louvre, D.A.G. (fonds Orsay). © Photo RMN (Musée d’Orsay) / Martine Beck-Coppola
Caractère de sa peinture

Artiste symboliste, Odilon Redon est d’une sensibilité hors de commun. Son art est très personnel, libre. Il a su projeté son imagination, ses rêves sur le papier et créer des représentations originales, de nouvelles formes utilisant le dessin (fusain et pastels), la gravure et la peinture. Il a réinterprété le réel et créer un monde de créatures extraordinaires.
Son œuvre présente deux temps forts :

De 1870 à 1895, il travaille beaucoup le fusain et la lithographie ; il crée des dessins aux sujets imaginaires qu’il appelle ses « noirs », car il n’utilisa que la couleur noire (fusain noir et encre noire). Il illustre ainsi de nombreux textes, les siens (les Yeux clos, Les Origines) et ceux d’auteurs qui explorent le fantastique comme Edgar Allan Pœ (1809-1849), auteur américain, considéré comme l’inventeur du roman policier.

Odilon Redon a toujours peint, mais à partir de 1890, il attache plus d’importance à la polychromie en transposant certains de ses « Noirs » en couleur, comme Les Yeux Clos” (ci-dessous). Il utilise l’huile mais aussi le pastel.
Araignée ou Araignée souriante, 1881. Fusain, estompe, traces de gommage, grattage (rayures) et fixatif sur papier vélin chamois Trous d’épingle aux angles supérieurs, 49,5 x 39 cm. Paris, musée d’Orsay, conservé au département des Arts graphiques du musée du Louvre. © Photo RMN (Musée d’Orsay) / Jean-Gilles Berizzi
Principaux lieux de vie et de travail

Redon travaille essentiellement à Bordeaux et à Paris. Jusqu’en 1897, il séjourne souvent dans la propriété familiale de Peyrelebade où il se ressource et trouve ses idées. À Paris, il dessine et peint essentiellement chez lui. Il n’a pas un vrai atelier d’artiste.

Peyrelebade : De sa naissance à ses 10 ans Redon vit à Peyrelebade, à la campagne, car il est de santé fragile.

Bordeaux : 31, rue Fernand-Marin (lieu de naissance)
26, allée Damour, en 1870

Paris : 3, rue Bonaparte, 1862
31, boulevard Siant-Michel, en 1864
21, boulevard de Sébastopol, en 1865
8, boulevard Montmartre, en 1867
21, boulevard Saint-Michel, en 1868
41, rue Monsieur-le-Prince, en 1870
72, rue d’Assas (Montparnasse), en 1872
81, boulevard Montparnasse, en 1874
18, rue Saint-Romain, en 1887
27, rue de Fleurus, en 1892
129, avenue de Wagram, en 1905

Bièvres : de 1896 jusqu’à sa mort.

Voyages en France et à l’étranger :

1847, voyage à Paris, il a 7 ans
1862, 1866, 1869, 1878, voyages au Pays basque avec son ami Achille Peyrun-Berron.
1868, séjourne à Barbizon, près de Fontainebleau, où il rencontre Corot.
1878, voyage en Hollande, à Rotterdam, à Haarlem, à Amsterdam, à La Haye où il visite les musées et admire Rembrandt, puis en Belgique, à Anvers où il voit les Rubens de la cathédrale, à Gand, à Bruges.
1880, voyage de noces en Bretagne, premiers pastels.
1883, séjourne en Bretagne, dans le village de Morgat.
1895, voyage à Londres, assiste à l’opéra de Wagner, La Walkyrie. Il loge chez le Dr Albert Edward Tebb, collectionneur passionné par les œuvres de Redon. Il visite les musées, où il admire Turner et les sculptures en marbre du Parthénon, « le sommet de l’Art » pour Redon . Expose à la Rembrandt Head Gallery.
1900, premier voyage en Italie avec le baron Robert de Domecy séjourne en Bourgogne.
1901, en février, voyage à Cannes. Il va à Cagnes-sur-Mer où il rencontre Renoir qui lui fait forte impression. Il se rend également à Nice.
1908, voyage en Italie, à Venise et à Milan.
1910, à Londres, il participe à exposition consacrée à Manet et les post-Impressionnistes.
1912, départ pour la Hollande.
1914, se rend à Amsterdam, visite André Bonger, un collectionneur.

Les moments forts de sa carrière

Sa carrière commence très tôt, en 1851, à 11 ans, Odilon obtient un prix de dessin.
1860, présente pour la première fois deux paysages à l’aquarelle, en tant qu’élève de Stanislas Gorin, à l’exposition de la Société des amis des arts de Bordeaux. 1862, inscription aux examens d’admission auprès des professeurs de l’École impériale et spéciale des beaux-arts.
1864, rencontre le peintre Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875), qui aura une influence notable sur ses débuts.
1867, premier autoportrait.
avril 1868, son tableau Roland à Roncevaux est reçu au Salon
Redon écrit pour le journal « La gironde » des articles sur le Salon et sur ses contemporains (peintres et sculpteurs) ainsi que sur Bresdin, son maître graveur.
Il publie son premier roman : Un séjour dans le Pays basque histoire de son voyage dans les Pyrénées.
10 janvier, il publie dans « La Gironde » un article sur Bresdin en forme de plaidoyer.
1870 décore une chapelle à Arras d’après un épisode de l’Évangile selon saint Jean.
Pendant la guerre franco-prussienne, il est mobilisé et combat au front. Il écrit sur la guerre : Le Cri, un court texte où il parle de la mort et du néant.
1870 Décembre, il écrit une nouvelle sur la guerre. 1872, débute ses « Noirs »
1875, écrit un poème intitulé Les Yeux clos.
1879, premier album de > lithographies Dans le Rêve.
1880, premiers pastels lors de son voyage de noces en Bretagne. 1881, première exposition personnelle de fusains dans les locaux de la revue La Vie moderne à Paris.
1882, publication de l’album À Edgar Poe.
1883, publication de l’album Les Origines.
1884 édition d’À Rebours de Huysmans. Redon expose au premier Salon des Artistes indépendants.
1885, Édition de l’album Hommage à Goya.
1886, Publication de l’album La Nuit.

Participe à la huitième et dernière exposition des Impressionnistes à Paris, où il rencontre Paul Gauguin.

1889, Première exposition en Hollande au Nederlandsche Etsclub à Amsterdam.
Publie À Gustave Flaubert et prend part chez Durand-Ruel à la première exposition de peintres-graveurs.
1890, édite la lithographie Yeux clos, puis transpose son sujet en peinture.
La peinture et la couleur prennent plus d’importance dans son œuvre.
1894, mars-avril : première grande rétrospective Redon à la galerie Durand-Ruel.
1899, publication de son dernier album > lithographique, l’Apocalypse de saint Jean.

Exposition chez Durand-Ruel (marchand d’art-galeriste) est accueillie comme un manifeste artistique présentant et lançant son œuvre qui devient une référence auprès des poètes, des artistes Nabis.

1900, fait la connaissance de Gustave Fayet, peintre et amateur d’art, propriétaire de l’Abbaye de Fontfroide (Aude).
1901, en avril, il termine les décors du château de Domecy.
1902, abandonne définitivement ses « Noirs ». Il décore le boudoir de l’appartement parisien de la veuve d’Ernest Chausson (son compagnon de musique).
1903, Redon est fait chevalier de la Légion d’honneur.
1904, premier achat de l’État français d’un tableau les Yeux clos pour le musée du Luxembourg. Le Salon d’Automne consacre une salle à Redon qui rencontre un succès public.
1907, rétrospective de son œuvre présentée à la Kunstzaal Reckers à Rotterdam (Pays-Bas).
1908, reçoit la commande de cartons de tapisserie pour la manufacture des Gobelins.
En mai, la galerie Larensche Kunsthandel, à Amsterdam, organise une exposition d’œuvres de Redon et une conférence est préparée basée sur ses notes autobiographiques.
1910-1911, peint son dernier grand décor, Le Jour et La Nuit, pour la bibliothèque de l’abbaye de Fontfroide (Aude) à la demande du peintre et collectionneur Gustave Fayet (1865-1925).
1913, présentation, à New York, à l’Armory Show d’un panorama de son œuvre qui rencontre un accueil favorable.

Quelques-uns de ses amis

Jules Boissé (vers 1840-1885), ami d’enfance, idéaliste, littéraire.
Armand Clavaud (1828-1890), botaniste à Bordeaux.
Achille Peyrun-Berron, ami de jeunesse, part en voyage avec lui au Pays-basque.
Joris-Karl Huysmans (1848-1907), écrivain et critique d’art français. Il le rencontre en 1882.
Le poète Stéphane Mallarmé (1842-1898), ils lient une amitié étroite dès 1885.
Paul Gauguin (1848-1903), artiste peintre, Redon le rencontre certainement pour la première fois à la huitième et dernière exposition impressionniste, en 1886.
Émile Bernard (1868-1941) et Maurice Denis (1870-1943), peintres Nabis.
En 1890, il rencontre André Bonger (1861-1936), courtier d’assurances hollandais, beau-frère de Théo van Gogh, il est un des collectionneurs de Redon.
Pierre Bonnard (1867-1947), peintre Nabis dès 1895, seront des amis fidèles.
Dès 1893, Robert de Domecy, amateur cultivé et propriétaire du château de Sermizelles.
Dès 1901, Gustave Fayet (1865-1925), peintre et collectionneur
Le pianiste d’origine catalane Ricardo Viñes (1875-1945)
1905, Raymond Sabouraud (1864-1938), médecin-chef de l’hôpital Saint-Louis, apporta son soutien à Redon durant les années de guerre.

 

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