Jean-Yves Le Gallou décrypte la proposition de la députée LREM Juliette Méadel, ancien secrétaire d’État de François Hollande, qui vient d’être nommée à la Cour des comptes, de créer un impôt pour aider certains médias.
C’est la même logique de reprise en main des médias voulue par M. Macron lors de ses vœux à la presse. « Les Français paient déjà suffisamment d’impôts pour financer des médias tous plus politiquement corrects les uns que les autres ! »
Jean-Yves Le Gallou, l’ancienne secrétaire d’État chargée de l’aide aux victimes, Juliette Méadel, propose dans une tribune transmise à l’AFP, la création d’un impôt »Charlie Hebdo » qui permettrait de soutenir la liberté d’expression.
Ce serait un impôt dont les bénéfices seraient distribués aux médias indépendants.
Comment réagissez-vous à cette idée ?
Si on commence à entrer dans une catégorie permettant d’être subventionnés par l’État ou par une officine proche de l’État, reste-t-on vraiment indépendant ?
Beaucoup de médias sont déjà subventionnés en France.
La presse écrite reçoit deux milliards deux cents millions d’euros de subventions. L’audiovisuel public reçoit plus de trois milliards de crédits publics. Il y a donc déjà beaucoup d’argent pour les médias subventionnés. On ne peut pas dire qu’ils sont vraiment indépendants. Ils portent le politiquement correct comme le portent d’ailleurs tous les médias.
Juliette Méadel était une secrétaire d’État de François Hollande.
En faisant des propositions comme celle-ci, est-ce une manière pour elle d’exister politiquement ?
Oui, c’est une manière de ne pas se faire oublier. Elle s’est déjà fait allumer par les médias car elle vient d’être nommée par la faveur politique à la Cour des comptes. Elle aurait pu faire preuve d’une certaine discrétion. Mais non, elle a choisi de se remettre en scène avec cette proposition en rappelant qu’elle avait été secrétaire d’État.
Juliette Méadel a dit « on finance un parti politique, pourquoi ne financerait-on pas des journaux menacés par des terroristes qui ont un projet politique antidémocratique ».
Quels médias et pourquoi seraient-ils des médias proches du pouvoir ?
Je crois qu’à partir du moment où on est dans une logique de subventions, celui qui reçoit les subventions dépend de celui qui les donne. C’est évidemment une atteinte à l’indépendance.
Je crois qu’il y a une véritable volonté de contrôler l’information.
Emmanuel Macron l’a d’ailleurs souligné lors de ses vœux à la presse puisqu’il a parlé de ce qu’il appelle les fake news. Il met dans les fake news ou en tout cas dans les informations que la presse officielle doit dénoncer, les projets politiques nocifs. Un projet politique nocif est un projet politique qui ne plaît pas à monsieur Macron. On est véritablement dans une logique nord-coréenne. Il y a ce qui est bien, c’est-à-dire ce que représente le pouvoir et tout ce qui dévie au fond est susceptible d’être puni.
Ce seront des impôts payés par le contribuable qui paie déjà de sa poche le service public.
Serait-ce élargir le spectre de la mainmise de l’État sur les médias ?
Oui, ce malheureux contribuable paie aussi le CSA (censure socialiste audiovisuelle). Le contribuable alimente avec son argent des gens qui finalement nuisent à la liberté puisque la liberté c’est la diversité. Après tout, c’est bien que des gens défendent le politiquement correct, que des gens disent que Macron est formidable, que c’est le génie du 2 1e siècle, mais à condition qu’on puisse dire autre chose.
On a du mal à imaginer Présent, Boulevard Voltaire, TVL ou d’autres médias être abreuvés de subventions publiques.
Je pense. C’est très méritoire de vivre sans la publicité.
Les médias ont deux laisses. La première est la publicité. On peut faire pression sur les publicitaires : »ne donnez pas à ceux-là, car ce sont des méchants ».
La deuxième est la subvention : »on ne peut pas donner à ceux-là, car ce sont des méchants ».
La seule condition pour vivre libre, c’est de vivre de l’argent de ses lecteurs, de ses auditeurs et de ses spectateurs soit directement par abonnement ou achat, soit par don.
L’économie du don est un peu aujourd’hui l’économie de la liberté.