Rares sont les maisons politiques, à la fois structures militantes et écoles de pensée, à avoir marqué le XXe siècle français d’une telle empreinte. L’Action française, sur ce point, ne peut être comparée qu’au très puissant Parti communiste, inféodé à Moscou.
Populaire dans la jeunesse, opérant la synthèse entre vieille droite légitimiste, réveil régionaliste et pulsions nationalistes fin de siècle, ce mouvement royaliste est indissociable des figures de Maurras, Bainville, Léon Daudet. Mais on oublie parfois que l’AF fut aussi une machine à produire des dissidents. Les éditions Pierre Guillaume de Roux ont eu l’excellente idée de rééditer l’ouvrage de Paul Sérant : Les Dissidents de l’Action française (publié originellement en 1978). Préfacé par Olivier Dard, cet ouvrage dense propose de revenir sur la vie et l’œuvre de sept dissidents de l’AF : Georges Valois, Louis Dimier, Jacques Maritain, Georges Bernanos, Robert Brasillach, Thierry Maulnier, Claude Roy. Qu’ils aient été membres du mouvement ou simples sympathisants, tous ont connu une rupture avec la maison mère ; rupture parfois violente (on pense au néo-thomiste Maritain ou à Bernanos revenu d’Espagne).
Les dissidents de l’AF constituent un remarquable miroir à travers lequel se reflètent non seulement les épreuves et les déchirements du mouvement, mais aussi et surtout son prodigieux rayonnement intellectuel.
Paul Sérant, Les Dissidents de l’Action française, Pierre Guillaume de Roux , 418 pages.
Tugdual Fréhel – Présent