En dépit de nouvelles menaces imputées à Al-Qaïda au Yemen… proférées en mai 2013, Valls et Cazeneuve ont fait supprimer la protection policière de Charlie Hebdo -instaurée fin 2011- à l’automne 2014, en charge de la surveillance l’entrée de l’immeuble dans lequel l’équipe était installée au 2ème étage, derrière une porte blindée et verrouillée par un code.
Mai 2013 : Stéphane Charbonnier alias Charb – directeur de publication de Charlie Hebdo et citoyen sous protection policière depuis le mystérieux incendie de novembre 2011- avait fait l’objet de nouvelles menaces imputées à Al-Qaïda-au-Yémen et relayées par une pseudo-revue islamiste dénommée Inspire.
Automne 2014 : le ministère de l’Intérieur -qui chapeaute le Service de la protection (en charge des personnalités)- a mis fin à la présence permanente de deux policiers devant l’entrée du siège de Charlie Hebdo, situé -depuis le 1er juillet- au numéro 10 de la rue Nicolas Appert. Une photographie de Google Maps, datant du mois d’août, a capturé incidemment une image de la voiture de police.
Dans la soirée du jeudi 8 janvier, au lendemain de l’attentat perpétré contre l’équipe de l’hebdomadaire, Jeannette Bougrab, ex-secrétaire d’État du gouvernement Fillonl évoqua un détail troublant : On avait supprimé une protection statique devant Charlie Hebdo qui aurait peut-être pu éviter le drame.
Vendredi 9 janvier, dans la matinale d’Europe 1, Laurent Léger, journaliste d’investigation de Charlie Hebdo et rescapé de l’attaque, a été interrogé à ce sujet par Thomas Sotto.
Question de Sotto (qui confond par ailleurs deux interventions de Bougrab, l’une sur BFM TV, l’autre sur TF1): “Jeannette Bougrab a déclaré hier soir, lors du 20h de TF1, que le dispositif de sécurité de Charlie Hebdo avait été allégé depuis quelques semaines. Vous l’aviez constaté, ça, ou pas? “Effectivement, y avait plus la voiture statique en faction devant le journal. “
Le journaliste ajouta aussitot son sentiment personnel : d’après lui, une telle présence n’aurait pas empêché les assaillants d’accomplir leur dessein.
Pas si sûr : deux policiers armés et prêts à réagir en cas d’arrivée de deux hommes cagoulés auraient pu retarder leur opération, voire la saborder. A fortiori s’ils étaient en contact audio avec le policier Franck Brinsolaro, présent dans la salle de rédaction aux côtés de Charb et tué lors de la fusillade.
Comme les policiers en faction devant le siège du journal, Brinsolaro faisait partie du Service de la protection (ex-SPHP), dirigé par Frédéric Auréal. Ce dernier, nommé en juillet 2012 par Manuel Valls (alors ministre de l’Intérieur), a été récemment promu (par décret en date du 22 décembre) en devenant “inspecteur général des services actifs de la police nationale”.
Double particularité de l’homme -réputé proche de Valls- à la tête du SDLP : l”hostilité exprimée à son endroit par ses subordonnés, agacés par des missions de protection jugées excessives ou inutiles (tel le cas emblématique du député franco-israélien Meyer Habib) et sa proximité avec Sammy Ghozlan, ex-policier, vice-président du Consistoire, membre du B’naï Brith.