« Je suis un insulaire qui a le goût sage de l’autarcie et, à la lettre, de l’autonomie, comme le peuple de la nation du Rouergue, pour reprendre la formule inscrite sur la pierre tombale d’un Rouergat venu mourir en Languedoc : Ci-gît maître Antoine Pressec, maçon de la nation du Rouergue, qui décéda le 29 août 1520. »
« Enracinement » dit le poète, là où le politicien parle simplement d’« identité ». Or, c’est tout un pays que l’on perd en troquant l’enracinement contre l’identité. C’est une réalité vivante, quasi charnelle, qui s’efface alors au profit de la coquille vide du concept glacé tant martelé, dont le contenu est, par essence, soumis aux aléas de la volonté. Loin de la tentation universaliste qui marque notre époque, il est donc temps de retourner au coeur de ces racines secrètes mais si fécondes, d’en retrouver le pouvoir symbolique et régénérateur en explorant leur cheminement tantôt obscur, tantôt éclatant.
L’auteur inaugure cette salutaire mission de reconnaissance sur le sol de son propre « pays ». En embuscade, nous assistons au surgissement du « mystère » quasi sacré des figures venues du grand fonds ancestral qui parfois reviennent lors des changements de règne retentissants, comme pour mieux conjurer l’ère de la tabula rasa qu’appellent de leurs voeux les mondialistes actuels.
Rémi Soulié, en compagnie de Hölderlin, de Heidegger, de Novalis, de Shelley, de Boutang et des poètes occitans éclaire avec grâce l’inspiration unique que nous laisse la racination, cette « poussée» initiatique sans laquelle nous ne pourrions être au monde. Un voyage vers l’intérieur en forme de splendides méditations métaphysiques qui débouchent à la fois sur l’enquête, l’Histoire et le mythe.