Début 2018, André Bercoff, Éric Brunet et Gilles-William Goldnadel lancent ensemble une webtélé qui s’appellera La France libre. Dans un paysage médiatique en pleine restructuration, l’idée est de faire du décryptage, de l’humeur, de l’humour. Et de mettre des mots sur les maux.
Vous lancez, début 2018, un média intitulé La France libre. De quelle nature est-il ?
Il est de nature libertaire, pas du tout pêchée à la ligne ou encore disciplinaire. Il est de nature à écouter, avec Goldnadel, ce que nous allons devenir dans une France en pleine mutation, décomposition et recomposition.
L’idée est de faire du décryptage de l’humeur avec, je l’espère, de l’humour.
Bercoff, Brunet et Goldnadel… Vous nous parlez d’une France libre très à droite, quand même, non ?
Les étiquettes ne m’intéressent pas du tout. On peut donner l’étiquette que l’on veut.
Personnellement, je considère que la gauche n’est plus du tout à gauche, la droite ne sait plus où elle est et, quant au reste, les Insoumis ou les centristes, ils ne se portent pas mieux.
Dans un paysage de décomposition, essayons de prendre des marques et de mettre les mots vrais sur les vrais maux. Je ne sais pas si nous y arriverons, mais nous essaierons.
Nous avons cette ambition, en tout cas.
Vous êtes dans le métier depuis longtemps. Avez-vous l’impression qu’il est encore possible, aujourd’hui, d’avoir une parole libre dans les médias ?
Je peux vous dire que chez Sud Radio où je travaille, j’ai cette liberté, sans aucune censure.
Je pense que l’espace numérique permet d’aller très loin. Dans un ensemble, une société ou une structure, l’espace de la presse est effectivement soumis à un certain nombre de règles du jeu.
Dans le numérique, en revanche, nous posons les règles du jeu.
Je peux vous dire qu’il n’y aura aucune autocensure chez nous. C’est déjà pas mal, compte tenu du paysage médiatique habituel.
Vous lancez votre média à peu près au même moment que celui de La France insoumise. Hasard de calendrier ?
Pur hasard. L’idée est dans l’air. Je pense que La France insoumise a pensé à cela parce que les webtélés sont dans l’air.
D’ailleurs, le philosophe Michel Onfray fait aussi sa webtélé. En effet, un certain nombre de gens vont utiliser ce canal parce que cela permet d’avoir des tribus libres et qui peuvent toucher des millions de gens. C’est une bonne chose.
Est-ce que cette « migration » vers le Web est une façon de suivre les évolutions de votre métier ?
Je suis d’une génération papivore. Je suis très heureux d’avoir fait une grosse partie de ma carrière journalistique dans le papier. Je continue, d’ailleurs, en tant qu’écrivain.
Le matin, je consulte d’abord Internet. J’y apprends autant que dans la presse écrite.
Ce n’est pas une question de mode. C’est une manière d’appréhender la réalité pour le meilleur et pour le pire. Il y a, aussi, beaucoup de choses lamentables et inintéressantes sur Internet, mais cela vous donne accès à la plus grande bibliothèque du monde. En un clic, vous avez accès à des analyses, des sites et des informations que vous n’auriez nulle part ailleurs.
Je trouve cela extrêmement appréciable.
Comment qualifieriez-vous le paysage médiatique français, aujourd’hui ?
Je dirais que c’est un grand paysage immobilisé qui attend et qui est en train de se restructurer complètement.
Gramsci disait : quand le vieux n’est pas encore mort et que le jeune n’est pas encore né, quand nous sommes dans cet intervalle, c’est la crise.
Je pense que nous sommes aujourd’hui dans cet état intermédiaire. On assiste aux prémices d’un très grand bouleversement dans les médias, qu’ils soient audiovisuels ou écrits.