Le secret d’Etat

Les Archives Nationales retracent l’histoire de l’espionnage français avec « Le secret de l’Etat : Surveiller- Protéger- Informer». Rarement des archives ont-elles paru si actuelles. De Wikileaks au «secret du roy», de la diplomatie parallèle menée par Richelieu à Edward Snowden, l’exposition présentée aux Archives Nationales de Paris explore les différentes zones d’ombre en marge du pouvoir. «Secret de l’Etat : Surveiller- Protéger- Informer» s’attache d’abord à retracer l’histoire de l’espionnage français, notamment la tension entre la raison d’Etat, le secret, et le droit à l’information du public dans une démocratie. Mais c’est surtout en disséquant la nature même de ce secret que l’exposition s’avère passionnante. Qu’est-ce qui fait un secret ? Qui décide qu’il le devient ? Légalement, comment l’Etat le maintient-il ? Et technologiquement, comment s’assure-t-on que personne ne parvienne à le percer? L’exposition présente ainsi des mécanismes édifiants, comme ces machines à crypter qui permettent d’envoyer puis de lire des lettres codées.

Dissimulée dans un livre et remplie de petits rouages semblables à l’intérieur d’une montre, l’une des machines remonte à Henri II. Plusieurs documents, plus récents, figurent aussi des tampons avec des symboles d’animaux. Ce sont les «totems» permettant d’identifier parmi du courrier anodin les missives des différentes cellules de renseignement français postées à travers le monde.

Couverture du catalogue de l'exposition Le secret de l'Etat

On découvre également ces fameuses machines Enigma mises au point par les nazis avant la Seconde guerre mondiale. Réputé «incassable», le code d’Enigma a donné des sueurs froides aux Alliés pendant des années avant que le mathématicien Alan Turing ne parvienne à «craquer» le système grâce à l’un des premiers ordinateurs de l’histoire. Mais le chercheur britannique, qui vient de faire l’objet d’une biopic à Hollywood, ne serait probablement pas parvenu à ses fins sans l’exemplaire du boitier Enigma tombé sous la main des Polonais et transmis à l’Angleterre par les services de renseignement Français, qu’on découvre à présent en vitrine.

Ca n’est pas la seule «indiscrétion» présentée dans les vitrines de cette exposition, qui révèle quelques pièces extrêmement rares. Ainsi un ordre de «Mission Homo» – c’est-à-dire d’assassinat ciblé – transmis au service action du SDECE (ancêtre de l’actuelle DGSE) par Jacques Foccart, conseiller du général de Gaulle, pendant la guerre d’Algérie. Ou encore un mémorandum sur un coup d’Etat orchestré par les services français au Niger en 1974… Autant de documents top secret qui donnent un aperçu de la face cachée des bureaucraties qui nous gouvernent.

«Le secret de l’Etat : Surveiller- Protéger- Informer» Du 4 novembre 2015 au 28 février 2016, Archives Nationales, 60 rue des Franc-Bourgeois, 75004 Paris.

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