Le site Internet Grand Mémorial regroupe plus de 8,5 millions de fiches militaires des soldats qui ont participé à la Grande Guerre sous l’uniforme français. Chacun pourra ainsi retrouver une brève biographie de son aïeul, avec des descriptions physiques ainsi que des indications sociales comme la profession ou le niveau d’instruction.
Les documents d’époque dormaient jusqu’à lors dans les services départementaux (pour les Français métropolitains) et dans les Archives nationales d’outre-mer (pour les combattants des colonies d’Afrique ou d’Indochine). Leur numérisation et leur indexation ont débuté en 2008. Une vingtaine de départements seront dans un premier temps accessibles en ligne. L’ensemble du fonds devrait être disponible en 1918, quand s’achèveront les commémorations du centenaire.
Le Grand Mémorial est le prolongement d’un premier travail achevé en novembre 2003 : la numérisation des fiches de décès du 1,3 million de soldats morts pour la France, qu’ils soient « tué à l’ennemi », selon l’expression du temps, « disparu » ou « décédé des suites de ses blessures ». Ces formulaires racontaient, avec la sécheresse du style administratif et le délié des écritures à la plume Sergent Major, des bribes de vie brusquement interrompues. Au hasard, le parcours du seconde classe Adolphe Dubois, né à Lourquen dans les Landes, engagé dans le 18e régiment d’infanterie avec le matricule 4648 et tué à 22 ans, le 16 septembre 1914, à La Ville-au-Bois, dans l’Aisne.
Le parcours d’un soldat à travers la guerre
C’est un véritable monument aux morts virtuel qui a été ainsi érigé et qui démontre, plus encore que les litanies inscrites sur les stèles commémoratives des communes, la terrible tuerie que fut cette guerre.
Ce registre funéraire se trouve sur le site Mémoire des hommes accessible par le portail du ministère de la défense. Y figurent également les « journaux de marche et d’opération » qui retracent jour par jour le parcours de chaque unité entre 1914 et 1918. Avec un style parfois emphatique, parfois chirurgical, on y lit la description des batailles, des pertes subies, de la souffrance vécue. On y grappille aussi des scènes du quotidien des soldats.
Le site Mémoire des hommes connaît un succès grandissant, avec plus de 160 000 visites chaque mois et 11 millions de connexions depuis ses débuts. Il attire des chercheurs mais plus encore de simples citoyens en quête d’informations sur un ascendant, puisque cette Grande Guerre est peu à peu passée d’une épopée nationale à une mémoire familiale.
Des liens devraient être créés entre Grand Mémorial et Mémoire des hommes, entre les noms et les histoires régimentaires. Ils devraient ainsi permettre de suivre le parcours d’un soldat à travers la guerre. De quoi remplir partiellement les silences laissés par des anciens combattants qui ont souvent tu jusqu’au bout à leurs proches ce qu’ils avaient enduré.