Davantage qu’un film inédit, Marvel lance un nouveau personnage. Avec la dose de risque que cela comporte. La responsabilité en est confiée à Benedict Cumberbatch. Avec sa voix unique, son visage atypique et son jeu excellent, il fascine littéralement le public. Nous avions déjà, entre autres, un super-Américain, un Dieu d’une autre planète, un milliardaire surdoué, nous aurons désormais un docteur converti au mysticisme.
Le pitch (oui, parce qu’il y en a un)
Stephen Strange est un brillant neurochirurgien, imbuvable et matérialiste au possible. Suite à un accident de voiture, il perd l’usage de ses mains et le sens de sa vie. Après plusieurs tentatives malheureuses, il ne lui reste qu’une seule possibilité : rejoindre une sorte de monastère où il va apprendre, notamment, auprès d’un « Ancien », toute une série de secrets mystiques et entrer dans des dimensions alternatives.
Une belle évolution du personnage
Au début du film, Docteur Strange (et n’oubliez pas le « docteur »), cultive tranquillement sa personnalité narcissique. Il est délicieusement odieux, doté d’un ego surdimensionné et nourri d’une peur atroce de l’échec. Son serment d’Hippocrate ressemble davantage à un serment d’hypocrite : il sauve des vies, certes, mais choisit scrupuleusement les cas qui lui assurent le minimum de risque et le maximum de notoriété.
Et puis vient la chute, l’humiliation. Après son accident, il n’est plus l’homme de la situation. L’image idyllique de lui-même qu’il s’était fabriquée, se brise. Il ne contrôle plus sa vie et devient dépendant, une situation inédite et insupportable. Au « monastère » où il trouve refuge, son esprit, matérialiste et orgueilleux, s’ouvre aux réalités surnaturelles. L’interpellation de « l’Ancien » est sans appel : « Oubliez ce que vous croyez savoir. Vous avez observé le monde par un trou de serrure. Vous vouliez en savoir plus. Découvrir davantage. À présent que vous pouvez le faire comme jamais vous ne l’auriez imaginé… vous reculez. »
Lentement, Strange s’ouvre, accepte de s’ouvrir à des réalités jusqu’à alors méprisées. Son initiation achève de le transformer. Il découvre ses capacités inexploitées et oriente ses dons vers une cause altruiste, au service du bien de sa communauté. Il accepte l’échec. Il devient peu à peu ce héros qui honore enfin son serment d’Hippocrate, donnant sa vie pour en sauver d’autres. Pour vivre cette transformation, il a du faire taire son égo.