Le premier devoir des médecins est d’abord de ne pas nuire…
Il y a quelques semaines, j’avais exposé ici que le docteur Jean-Marie Faroudja, parlant au nom de l’Ordre national des médecins lors d’une audition à l’Assemblée nationale, révélait que cet organisme n’était pas opposé à l’extension de la PMA (procréation médicalement assistée), même aux femmes célibataires et aux couples de femmes. Bien sûr, ni l’avis des conseils départementaux et, moins encore, celui des médecins de base n’avaient été préalablement recueillis.
Il n’est donc pas étonnant qu’aujourd’hui, 340 médecins, dénonçant « une faute grave », affirment se désolidariser de la position de leur ordre dans une tribune du Figaro : « La PMA pour les femmes célibataires ou pour les couples de femmes n’est pas une indication médicale. […] Tout acte intrusif chez une personne qu’on sait en bonne santé sort du champ médical. Il est donc paradoxal, pour ne pas dire antinomique, que l’Ordre des médecins ne s’oppose pas à l’élargissement de la PMA. » Ils rappellent que le premier devoir des médecins est d’abord de ne pas nuire (primum non nocere) et qu’à l’évidence, « fabriquer des enfants sans père revient à leur nuire ».
C’est au nom de l’Ordre national que le docteur Faroudja avait considéré que le « droit à l’enfant »pour tous n’était qu’un « droit d’accéder à une technique médicale spécialisée ». Comme une endoscopie ou une IRM, en somme… Pour un président de la section éthique et déontologie du Conseil national de l’Ordre des médecins, c’est tout de même une curieuse conception de notre métier. Parce qu’à le suivre, tout ce qu’il est techniquement possible de réaliser médicalement devrait donc être dispensé les yeux fermés par les simples exécutants que seraient devenus les médecins. Après tout, le clonage humain, les injections létales ou la sélection eugénique des embryons ne sont, eux aussi, que des techniques médicales spécialisées. Suffira-t-il, demain, qu’une majorité de députés de rencontre votent quelque chose sous la pression d’une minorité pour qu’aucune barrière morale, aucun principe supérieur n’émeuvent la section éthique et déontologie ?
Pour l’heure, les médecins sont toujours en droit de refuser de pratiquer des actes contraires à leur conscience. Mais, déjà, le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes recommandait, dans un rapport récent, de lever « les derniers obstacles au plein accès à l’avortement », au premier rang desquels cette clause de conscience. Tandis qu’une pétition, lancée par une pasionaria des Lilas exigeant son retrait, aurait déjà recueilli plus de 47.000 signatures.
Espérons que, sur ce sujet-là au moins, l’Ordre national se montrera moins sensible à l’air du temps et se rappelle les mots du très estimé confrère que fut François Rabelais : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »
Richard Hanlet, médecin – Boulevard Voltaire