1.218 lettres de François Mitterrand sont donc publiées chez Gallimard grâce au don de dame Pingeot, la concubine soigneusement cachée durant ses deux septennats. À la lecture de Lettres à Anne, 1962-1995, les médias tombent en pâmoison : « Émouvants, vibrants poèmes d’amour », extraordinaire « qualité littéraire », la « Mitterrandmania » ne se sent plus. Un homme de 46 ans séduisant une mineure de 19 ans, c’est si romantique. Drôle de façon de l’aimer, son « Animour »:
« J’aime mes mains qui ont caressé ton corps, j’aime mes lèvres qui ont bu en toi […], il l’aime « de toute [sa] chair comme [il] n’a jamais aimé prendre une femme. Rien d’autre n’a existé. Il n’y a pas d’erreur possible, ô inceste parfait ! La plaisanterie que je faisais (de mauvais goût) est devenue vérité : tu es l’enfant auquel j’ai rêvé chaque jour […]. »
Un mauvais goût que les médias enamourés n’auront pas le bon goût de recopier…
Il l’aime tellement, sa Nanour, qu’il déplorait, auprès de Roland Dumas, ne pas pouvoir les avoir toutes [les femmes] mais assurait s’y essayer.
De Dalida à Laure Adler en passant par Annie Girardot ou Christine Bravo, il courait donc après tout ce qui portait jupon. Car pendant que son « canard à l’orange amère » – trop flatteur – se languissait de ses absences ou de ses retards, il n’avait aucun état d’âme à se consacrer à une belle Suédoise, journaliste de son état, Christina Forsne. Quinze ans, qu’elle a duré, cette passion. Avec la naissance d’un garçon qu’il n’a vu que quelques rares fois. Enfin, d’après ce qu’affirme ce Hravn, sa mère n’ayant jamais voulu s’exprimer sur le sujet.
C’est qu’en 1974, il redoutait que son « Anne chérie » mette au monde un mâle, « un malheur », lui écrivait-il, précisant avoir choisi le prénom Mazarine. Vœu exaucé, avec l’arrivée de cette enfant que les Français découvriront tardivement, après avoir entretenu à leur insu cette deuxième famille du Président…
Mais quel étalage vulgaire, quel exhibitionnisme obscène, quelle promotion pour l’infidélité et la sexualité débridée !
M’enfin, pour en arriver, à 73 ans, à jeter à la face publique ses galipettes adultérines avec un président de la République qui voulait l’« embrasser à petites lapées », Anne Pingeot ne travaillerait-elle pas du chapeau ? Des finances en berne, chez les Pingeot ? Ça vous fait envie, vous, d’imaginer le « jaillissement du sang » de Mitterrand « au fond » » de sa maîtresse ?
Et s’il n’y avait que ça ! La famille Pingeot a également autorisé son éditeur à publier, en sus des lettres, son Journal pour Anne. Le grand homme avait une passion : le « scrapbooking ». Qu’est-ce qu’il devait s’ennuyer, à l’Élysée, pour collectionner cartes postales, tickets de cinéma, cartons d’invitation, fleurs séchées, cartes de visite hôtelières et quantité d’autres préciosités, en plus de dessiner et faire du collage !
Ses derniers mots pour Anne Pingeot ? « Tu as été la chance de ma vie. » Lui n’a pas été la nôtre…