♦ En Allemagne la reductio ad hitlerum bat son plein pour interdire toute critique de la politique d’invasion migratoire. Dans cet article, paru dans le Hamburger Abendblatt (170.000 exemplaires) un journaliste – centriste – arrive à s’inquiéter de cette dérive.
Désormais, même les feuilles de chou des pharmaciens deviennent hystériques : elles considèrent les filles en jupe comme politiquement suspectes.
Comme c’est bon qu’il y ait des revues pour pharmaciens ! Ils ne se contentent pas de donner des conseils pour toutes les circonstances de la vie en augmentant au passage leur chiffre d’affaires avec pilules, pâtes et pastilles, mais ils s’engagent dans le « combat contre l’extrême droite ». Compte tenu de la xénophobie choquante qui règne, on voudrait saluer cet engagement, n’est-ce pas ?
Celui qui a pris en main le magazine Baby und Familie, ce catalogue maquillé en travail de journaliste, chez son pharmacien de confiance, a dû être surpris : cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu quelque chose d’aussi raciste dans un journal allemand. Sur cinq pages y était évoqué le « danger de l’extrême droite » – pas en la personne de crânes rasés ultra-violents ou d’arriérés indécrottables et remplis de haine, mais bien dans la figure d’une mère blonde et de son enfant blond, la nouvelle extrême droite. D’étranges experts, provenant d’univers parallèles plus étranges encore, y susurrent quels désagréments menace le quotidien des jardins d’enfants. « Il est difficile de situer la limite entre ce qui est extrémiste et ce qui ne l’est pas », vaticine une certaine Michaela Köttig, professeur de sociologie à Francfort. « Le fait est que cette manière de penser trouve sa source au sein de la société. »
Le fait est que ceci pourrait être une stupidité confirmée. Cela va encore plus loin dans la bêtise. Heike Radvan, directrice du département « Gender & Extrémisme de droite » à la Fondation Amadeu Antonio, donne des indications pertinentes afin de dépister les déviances. « Les enfants de parents d’extrême droite ne sont pas nécessairement différents des enfants d’autres parents. Parfois, on ne les détecte qu’après un temps assez long, par exemple parce qu’ils sont très sages ou très obéissants. »
Une assistante sociale berlinoise peut affirmer que les filles d’extrême droite peuvent être repérées « à leurs nattes très exactement tressées et à leurs longues jupes », les garçons « à leur apparence traditionnelle, et au fait, par exemple, qu’ils ne portent aucune inscription américaine sur leurs vêtements ». Et Kötter de trouver suspects « les parents gentils et engagés ». Oui, chers lecteurs, si vos enfants portent des nattes ou des chemises aux armes de Hambourg, saluent poliment le voisin et ne courent pas comme des dératés dans le jardin d’enfants, ils relèvent de la surveillance du Verfassungsschutz, dans ce joli nouveau monde.
Même le simple lecteur de Baby und Familie, bien qu’il ne soit diffusé qu’à 711.900 exemplaires au sein du peuple des suspects, apprend vite où le danger menace. Sur cinq pages, on peut identifier les extrémistes de droite à leurs nattes et à la couleur de leurs cheveux : le Mal a le cheveu blond. Le site « Stern.de » en arrive à ce jugement définitif : « Ils sont aussi mauvais que les racistes, qui se comportent et s’expriment de manière xénophobe, tous ceux qui condamnent globalement les êtres humains ».
C’est le site Web « tichyseinblick.de » qui a découvert cette perle du journalisme. L’exemple parfaitement grotesque issu de la pharmacie montre que le combat antiraciste déraille, pour s’en prendre maintenant au cœur de la société. Sur Internet, des « privés » de la police de la pensée battent la forêt des réseaux sociaux à la recherche de messages de haine ; les discussions s’interrompent, parce que ceux qui expriment des doutes, par exemple sur la politique des migrants, sont immédiatement soupçonnés d’être des nazis ; le reproche d’une appartenance à un parti populiste apparaît comme argument définitif dans le moindre débat.
Jusque dans les pages culturelles on agite l’argument-massue de l’AfD, pour assener l’interdiction de penser. Le dernier récital de chant Wittenbrink, au théâtre de Sankt Pauli, a reçu du site « Zeit.de » le label « Hambourg a maintenant sa première comédie musicale pour sympathisant de l’AfD ». La nécessaire séparation d’avec la droite extrême menace de se perdre en un rejet du centre, avec des conséquences fatales ; cela ne contribue qu’à une chose : pousser des gens dans les bras des populistes de droite.
Les antifascistes auraient en principe suffisamment à faire avec les vrais racistes, comme par exemple le responsable AfD Kay Nerstheimer, qui s’en est pris aux migrants, les taxant de « vermine répugnante ». Il est simplement idiot que ceci n’ait été vraiment rendu public qu’après que les Berlinois eurent voté, dimanche – Nerstheimer a remporté un mandat direct. Antifascisme et antiracisme étaient, il fut un temps, des positions issues d’une pensée éclairée. Entretemps, par leur caractère impitoyable et radical et leur hystérie, certains responsables professionnels de la lutte contre l’extrême droite rappellent plutôt l’antifascisme d’Etat de la RDA. On peut encore voir aujourd’hui où cela a conduit.
Matthias Iken
Matthias Iken, 38 ans, est rédacteur en chef adjoint au Hamburger Abendblatt
Source : Hamburger Abendblatt