Le “vocal fry”, la façon de parler qui fait trembler l’Amérique (Vidéo)

Vous l’avez entendu sans le savoir. Adopté par de nombreuses jeunes femmes aux États-Unis, le phénomène vocal fry (traduisez, friture vocale) consiste à baisser sa voix en fin de phrase jusqu’à la faire étrangement grésiller. Aujourd’hui, la tendance alimente la controverse. Pourquoi font-elles ronronner leurs cordes vocales ? Focus.

Il y a la voix parlée naturelle, dite « modale ». Et il y a le vocal fry. Comprendre : finir ses phrases comme si l’on avait un crapaud coincé dans la gorge. Si le terme n’est pas usité en France, la sonorité, elle, est familière puisque les jeunes Américaines y ont recourt de manière assez systématique. En 2011 en effet, l’universitaire Nassima Abdelli-Beruh, professeure au département d’orthophonie de l’Université de Long Island (New York) a constaté que les deux tiers des étudiantes de son campus le pratiquait, soit quatre fois plus que les garçons.
Techniquement, les linguistes parlent de « voix craquée ». « C’est le résultat naturel d’un abaissement du ton. Les cordes vocales vibrent de plus en plus doucement. À un certain moment elles se relâchent, les vibrations deviennent souples et irrégulières » nous explique Penelope Eckert, professeure de linguistique à l’université de Stanford (Californie). Joana Révis, orthophoniste spécialisée en vocologie, atteste du caractère au départ médical de cette technique utilisée pour la rééducation des dysphonies. « En soi, elle existe partout, ajoute-t-elle. On le fait en français, lorsqu’on fait « euuuuh », par exemple. Mais aujourd’hui il désigne aussi cette mode spécifique américaine. »

Si l’origine de cette excentricité est attribuée à Ira Glass, producteur vedette de la National Public Radio, créateur et animateur de This American Life depuis 1995, plusieurs artistes de la pop culture se sont emparés de la tendance. À commencer par Britney Spears qui déjà en 1998 chantait en “craquant” dans Baby One More Time. Aujourd’hui, Katy Perry, Zooey Deschanel ou mieux, Kim Kardashian usent et abusent de cette “friture” sonore. À l’image de leurs groupies. Cela fait donc plus de dix ans que la folie vocal fry alimente les sujets d’études universitaires, de décryptages et aussi de critiques virulentes de ceux que ces tremblements insupportent.

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