Villégiature à Paris-Tiers-monde!

La plupart de ces gens sont des hommes entre 20 et 40 ans, tous musulmans. Il n’y a qu’à les entendre se saluer entre eux par des « Salam aleykoum » pour s’en assurer. Ils viennent du Soudan, de la Somalie, de l’Erythrée ou de Libye – on cherche vainement les Syriens… Certains viennent d’arriver, d’autres sont là depuis plusieurs mois. Ils ont mis deux à trois mois pour traverser la Méditerranée en partant des côtes libyennes – merci Sarkozy et BHL – puis en remontant l’Italie – merci Schengen. « On fuit la guerre. On veut l’asile. Si y a la paix, peut-être un jour on repartira », m’explique l’un d’eux. « En attendant, on veut sécurité. »

Mais les habitants du coin aussi aimeraient bien l’avoir, cette sécurité. Une employée d’une boulangerie me raconte qu’il y a quatre mois environ, l’épicier voisin est mort d’un coup de couteau. Une vieille dame de 84 ans me raconte avec force détails les évolutions du quartier. Elle habite le même HLM depuis 1979. Un témoin privilégié du Grand Remplacement. « Mais là, depuis deux ans, ça dépasse tout ce que j’ai vu avant. Que va devenir la France ? », se lamente-t-elle. Dans son immeuble, dont la plupart des Français de souche sont partis pour laisser la place à des Turcs et des Africains, des digicodes ont été récemment installés à la porte principale, et jusqu’aux portes mêmes des appartements ! Bonjour le vivre ensemble. « Je ne vais plus jusqu’au métro toute seule, de peur de me faire agresser. » Elle n’a pourtant que 300 mètres à faire pour s’y rendre. Elle regrette également de ne plus pouvoir marcher le long du bassin de la Villette et d’aller prendre un café à la Rotonde où elle avait ses habitudes. « Trop dangereux. Et ça sent mauvais ! »

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En plus des problèmes de sécurité, cette brave dame qui a travaillé 38 ans en hôpital m’explique les dangers sanitaires que la présence de ces étrangers vivant dans ces conditions engendre. « Il y a un risque de choléra. Et puis des poux et des puces, ils en ont sûrement. Et à l’arrivée de l’hiver ? Qu’est-ce qui va se passer quand ils vont développer grippes et pneumonies ? » Je passe mon tour. Ce diagnostic m’a été confirmé à mi-mots par un pharmacien de l’avenue.

Après deux heures sur le terrain, j’opère un repli stratégique. « Fais attention, prends pas de photos. Ils pourraient se fâcher », me conseille un réfugié. On commençait à me pointer du doigt, des femmes se cachaient le visage et fermaient les tentes à mon passage. J’étais repéré. Il n’y avait plus qu’à quitter les lieux avant que les choses ne dégénèrent. D’autant qu’il n’y avait pas les moindres mesures de sécurité ou véhicule de police aux alentours. Les riverains sont livrés à eux-mêmes, les nouveaux arrivants font la loi.

Drôle de sensation que de ne pas se sentir chez soi dans son propre pays. Une évidence, me direz-vous. Mais s’il est une chose que de le savoir en théorie, il en est une tout autre de le vivre.

Photo de Une – Louis Lorphelin

Louis Lorphelin – Présent

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