Les Assises du « Produire en France » ont eu lieu les 8 et 9 septembre 2016 à Reims. Cet événement, parrainé par Yves Jégo et Arnaud Montebourg, est consacré à la défense des produits, des emplois et des savoir-faire français. À cette occasion, les candidats à l’élection présidentielle devaient y présenter leurs propositions, lors d’un grand oral. Yves Jégo, qui navigue entre la droite et le centre, semble avoir trouvé dans ce combat un port d’attache où il peut acquérir quelque notoriété. Quant à Arnaud Montebourg, même s’il n’est pas le créateur de ce label, il en a fait, si l’on peut dire, sa marque de fabrique quand il était ministre du Redressement productif. En s’affichant en marinière, il a défendu le patriotisme économique et aurait permis à Armor-Lux de multiplier son chiffre d’affaires. La SNCF a même choisi cette entreprise pour ses agents.
Il est vrai que, pour porter la marinière, il n’a pas son pareil : un vrai mannequin ! À se demander pourquoi il n’a pas choisi la voie de la mode quand il a quitté le gouvernement. Vous imaginez François Hollande dans la même tenue ou en Slip français ? Il ressemblerait à monsieur Prudhomme, en été. Ajoutez-lui une épuisette à la main : le parfait pêcheur des dimanches électoraux !
Restons sérieux, bien que ce soit difficile devant le spectacle donné par ces prétendants au pouvoir suprême. Hier encore, François Hollande a voulu endosser le costume de de Gaulle pour montrer qu’il était un vrai président. Mais quand on endosse un costume trop grand, on a l’air d’un clown… Pour en revenir à l’économie, il faut reconnaître que nos deux compères, dans la conjoncture actuelle, ont choisi un bon créneau. Ils ont même eu le bon goût de troquer le Made in France, appellation paradoxale pour qui prétend défendre les produits français, contre le Produire en France.
D’autre part, ce choix est économiquement bénéfique. Il est étonnant qu’on soit obligé de faire la promotion de ce qui devrait être une évidence. Les Français ont pris conscience que consommer français est un moyen de préserver des emplois. De nombreuses études montrent qu’ils préfèrent consommer moins, mais mieux. Les produits fabriqués en France offrent des garanties de qualité, de respect des normes sociales et environnementales. Sans compter que les entreprises qui les fabriquent paient leurs impôts en France. Bref, les Français deviendraient adeptes du patriotisme économique.
Mais le patriotisme ne s’arrête pas aux produits de consommation. Ne serait-il pas souhaitable de mettre aussi son ardeur patriote au service de la culture, trop dépendante de pays étrangers, de l’éducation, qui regarde toujours vers l’extérieur et néglige ses propres talents, des coutumes, nationales et régionales, de notre mode de vie, qui font la singularité de la France, et, surtout, de la souveraineté ?
Car la souveraineté de la France est le fondement de sa liberté, de son essor, du choix de ses alliances. Quand le 7 octobre 2015, François Hollande, devant le Parlement européen, marque sa préférence pour la souveraineté européenne plutôt que française, quand il déclare que « le souverainisme, c’est le déclinisme », on est en droit de se demander s’il travaille pour la France ou pour la finance qu’il prétend combattre. Impossible de promouvoir le produit : à voir son comportement au cours de son quinquennat, la différence entre un véritable homme d’État et un intrigant médiocre saute aux yeux.