Sainte Teresa de Calcutta: trop catholique pour La Croix!

La nouvelle sainte inscrite au calendrier catholique romain (5 septembre) serait-elle trop catholique pour l’Eglise d’aujourd’hui ? Déjà, dans ses Fioretti qui courent ici et là, elle apparaît fort dérangeante. Elle aurait répondu à une question sur la plus grande catastrophe des années 1970 : « La communion dans la main » ; à une autre, de Mme Clinton dans les années 1980, sur l’absence de femme comme présidente des Etats-Unis : « Peut-être que celle qui devait l’être a été avortée… »

À Skopje, capitale de l’actuelle Macédoine, elle est pourtant fort louée. Certes Agnès Gonxha [Petite Rose] Bojaxhiu appartenait à la minorité albanaise (toujours importante et surtout musulmane), mais les Slaves orthodoxes ont adopté cette sainte de l’Eglise romaine, et elle est très présente dans sa ville natale, où l’Etat a fait bâtir un Mémorial Teresa à l’emplacement de l’église de son baptême (détruite lors du tremblement de terre de 1963).

Prophète en son pays, elle ne l’est pas toujours en Europe de l’Ouest ou en Amérique du Nord. On a pu lire deux déclarations désolantes dans les pages de La Croix (n° des 3-4 septembre censé célébrer la nouvelle sainte), en réponse aux questions de sa journaliste Claire Lesegretain. La première est du sociologue Xavier Zunigo : « Mère Teresa s’inscrit dans le contexte d’un catholicisme conservateur encore marqué par les conceptions des siècles passés (…). Les Missionnaires de la Charité ne sont pas une entreprise caritative mais une congrégation religieuse puissante qui fonctionne selon le modèle de la forteresse assiégée ; pour ne pas avoir à s’expliquer, elles préfèrent ne rien dire. (…) Elles ne se situent pas dans le registre terrestre (…), d’où leur indifférence à ce que l’on peut dire ou écrire sur elles. (…) On pourrait améliorer la vie dans les centres, mais ce n’est pas leur objectif puisqu’elles visent à donner de l’amour. Dans leur logique : si on sauve un patient de la mort, c’est bien ; s’il meurt, c’est bien aussi. »

Eh oui, les Missionnaires de la Charité croient à la Vie éternelle !… N’est-ce pas scandaleux ? La seconde déclaration est d’autant plus désolante qu’elle émane d’une figure respectable, le Canadien Jean Vanier fondateur de L’Arche : « Mère Teresa avait obtenu la permission de Rome de créer une branche des Missionnaires de la Charité pour les hindoues. Des années après, la croisant à Rome, j’ai appris que ces femmes étaient toutes devenues catholiques. Cela m’a attristé (…) ».

Il paraît donc « attristant » à certains que l’on veuille recevoir le baptême, et s’abreuver à la seule source pure selon la doctrine des « siècles passés », y compris le XXe siècle et Vatican II. On veut croire qu’il s’agit d’une déclaration irréfléchie. Mais ce numéro de La Croix sur la canonisation est un bon témoin de ce qu’est l’état des mentalités en 2016, dix-neuf ans après la mort d’une sainte qu’il faudra prier fortement pour l’Eglise !

P.S. Les quelques coupures dans nos citations portent sur des digressions qui entraîneraient de trop longs débats, non sur le propos principal d’une phrase.

Robert le Blanc – Présent

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