François: le pape du chômdu?

On compte plusieurs dizaines de dirigeants et de fonctionnaires qui se retrouvent sans emploi en raison de la suppression des organismes pour lesquels ils travaillaient. Parmi eux, quelques évêques et un cardinal  On a appris, cet été, le regroupement de six organismes préexistants de la curie en deux dicastères nouveaux. Depuis le 1er septembre, le premier regroupement rassemble, au sein d’un nouveau “dicastère pour les laïcs, la famille et la vie”, les fonctions qui étaient exercées jusqu’à présent par le conseil pontifical pour les laïcs et par le conseil pontifical pour la famille, à quoi s’ajoute un contrôle renforcé sur l’académie pontificale pour la vie et sur l’institut pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille.

À compter du 1er janvier prochain, le second regroupement rassemblera, au sein d’un nouveau “dicastère pour le service du développement humain intégral”, les fonctions du conseil pontifical Justice et Paix, du conseil pontifical “Cor unum”, du conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, et du conseil pontifical pour les services de santé.

Pour présider le premier de ces nouveaux dicastères, le pape François a fait venir des États-Unis l’évêque de Dallas, Kevin J. Farrell, irlandais de naissance. Et, à la tête du second, il a placé le cardinal ghanéen Peter Kodwo Appiah Turkson, qui était président du conseil pontifical Justice et Paix.

Ces nominations ont été remarquées par les médias, de même que celle de Vincenzo Paglia, qui était président du conseil pontifical pour la famille et qui est devenu président de l’académie pontificale pour la vie et grand chancelier de l’institut pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille.

En revanche le silence est tombé sur le groupe assez nombreux de dignitaires du Vatican qui se trouvent sans affectation – autrement dit, au chômage – à la suite de ces deux regroupements. Pour commencer, on ne sait pas ce que va devenir le cardinal polonais Stanislaw Rylko, 71 ans, président sortant du conseil pontifical pour les laïcs.

Au cas où il ne souhaiterait pas retourner dans son pays pour prendre la tête du diocèse de Cracovie en remplacement du cardinal Stanislaw Dziwisz qui a soixante-dix-sept ans, il pourrait rester à la curie ou sans activité. À Rome, les postes qui pourraient être disponibles pour son reclassement sont celui de préfet de la congrégation des causes des saints dont le titulaire, le cardinal Angelo Amato, a plus de 78 ans, ou celui d’archiprêtre de la basilique papale Sainte-Marie-Majeure, occupé par le cardinal espagnol Santos Abril y Castello qui va avoir 81 ans.

Mais le secrétaire et le sous-secrétaire du défunt conseil pontifical pour les laïcs se retrouvent également sans travail. Le premier est l’évêque allemand Josef Clemens, 69 ans, ancien secrétaire de celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger avant d’être remplacé par Georg Gänswein. Le second est Miguel Delgado Galindo, 53 ans, espagnol et membre de l’Opus Dei, dont l’actuelle situation de chômeur est également celle de son homologue le sous-secrétaire de l’ancien conseil pontifical pour la famille, Carlos Simon Vazquez, 50 ans, également espagnol et membre de l’Opus.

Par ailleurs, avec la création du nouveau dicastère pour le service du développement humain intégral, les chômeurs potentiels sont beaucoup plus nombreux.

C’est ainsi que se retrouveraient sans emploi :

– la “dama” Flaminia Giovanelli, 68 ans, sous-secrétaire du conseil pontifical Justice et Paix ;
– l’évêque indien Joseph Kalathiparambil, 65 ans, secrétaire du conseil pontifical pour les migrants, et le sous-secrétaire du même conseil, le religieux scalabrinien Gabriele Ferdinando Bentoglio, 54 ans ;
– Giovanni Pietro Dal Toso, 54 ans, secrétaire du conseil pontifical “Cor unum”, et le sous-secrétaire de ce même conseil, l’Espagnol Segundo Tajado Muñoz, 56 ans, membre du Chemin néocatéchuménal ;
– Jean-Marie Mate Musivi Mupendawatu, 61 ans, secrétaire du conseil pontifical pour les services de santé, et le sous-secrétaire de ce même conseil, le camillien Augusto Chendi, 58 ans.

Si l’on examine maintenant le personnel non dirigeant des organismes qui sont maintenant regroupés, le Saint-Siège devra reclasser :

– 19 membres du conseil pontifical pour les laïcs (1 clerc et 18 laïcs) ;
– 7 membres du conseil pontifical pour la famille (4 clercs et 3 laïcs) ;
– 16 membres du conseil pontifical Justice et Paix (4 clercs et 12 laïcs) ;
– 14 membres du conseil pontifical pour les migrants (5 clercs, 2 religieuses, 7 laïcs) ;
– 7 membres du conseil pontifical “Cor unum” (1 clerc, 1 religieuse, 5 laïcs) ;
– 9 membres du conseil pontifical pour les services de santé (3 clercs, 1 religieuse, 5 laïcs).

Les 50 employés laïcs cités ne devraient pas être en danger, étant donné que le pape François a affirmé plusieurs fois qu’il ne licencierait jamais des pères et des mères de famille. Mais le sort des 18 clercs et des 4 religieuses pourrait être différent. Les uns et les autres pourraient, de but en blanc, être renvoyés respectivement dans leur diocèse ou leur congrégation d’origine.

Pour connaître leur destin – ainsi que celui des 13 membres du-conseil pour les communications sociales qui a été supprimé (2 clercs et 11 laïcs) et des 4 personnes qui figurent encore à l’effectif de la préfecture des affaires économiques désormais réduite à l’inactivité (1 clerc et 3 laïcs) – il ne reste qu’à attendre la publication du prochain Annuaire pontifical, où figurera l’organigramme mis à jour de toute la curie.

Après le grand remue-ménage des six conseils pontificaux regroupés dans les deux nouveaux dicastères, le seul des ex-dirigeants dont le cas soit encore en suspens est donc le cardinal Turkson. Ainsi que, dans une moindre mesure, Paglia, qui est reconverti dans la remise au pas des instituts Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille, afin qu’ils diffusent le nouveau magistère du pape François, y compris quand il s’écarte – comme c’est le cas en ce qui concerne l’accès des divorcés remariés à la communion – de celui qui a été défendu et soutenu par le saint pape dont ils portent le nom. Un peu comme ce qui s’est produit pour les séminaires fondés par saint Pie X, dont ils prirent le nom, afin de défendre les futurs prêtres contre le modernisme, et qui, à un moment donné, ont eux aussi commencé à diffuser des enseignement alors considérés comme modernistes, tout en conservant le nom de ce pape.

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