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Fille de Jean Rigaud de Scorailles, comte de Roussille, lieutenant du roi en Auvergne, et d’Aimée-Éléonore de Plas, Marie-Angélique de Scorailles de Roussille naît en Auvergne, au château de Cropières, près de Raulhac, dans le vieux manoir familial aux tours massives perché sur un plateau, en juillet 1661, quatre mois avant le Grand Dauphin. Marie-Angélique est issue par son père d’une de plus anciennes et nobles familles de la région dont les armes portaient « de gueule en chef d’or chargé de trois fleurs de lys d’azur ». Angélique avait trois frères et trois sœurs. « Avant de venir chez moi, raconte la Palatine, elle avait rêvé tout ce qui lui devrait arriver, et un vieux capucin lui avait expliqué son rêve. Elle me l’a raconté elle-même, avant de devenir la maîtresse du roi. Elle rêva qu’elle était montée sur une haute montagne et qu’étant sur la cime elle fut éblouie par un nuage resplendissant ; que tout à coup elle se trouva dans une si grande obscurité qu’elle se réveilla de frayeur. Quant elle fit part de ce rêve à son confesseur, il lui dit : “Prenez garde à vous : cette montagne est la cour, où il vous arrivera un grand éclat ; cet éclat sera de très courte durée. Si vous abandonnez Dieu, il vous abandonnera et vous tomberez dans d’éternelles ténèbres.” »
À ses dix-sept ans, elle fut remarquée par le cousin de son père, César de Grollée, baron de La Peyre, lieutenant général en Languedoc, qui habitait à vingt lieues de Cropières, au château de la Beaume et qui proposa à ses parents de l’introduire à la cour. Séduits par cette proposition, les parents de la jeune demoiselle acceptèrent sans se faire prier. Malgré leur noble naissance, ils étaient fort pauvres. Néanmoins, ils « boursillèrent » pour acheter à la fille un honnête trousseau. Arrivée à Paris, la jeune demoiselle est logée chez la duchesse d’Arpajon. Peu après, elle fut présentée à la belle-sœur du roi, la duchesse d’Orléans, mieux connue sous le nom de la Princesse Palatine. Celle-ci l’admit très vite parmi ses demoiselles d’honneur le 17 octobre 1678, et lui donna la place vacante qui appartenait à Mlle de Mesnières, devenue par mariage la duchesse de Villars.
Une splendide créature belle comme une fleur de mai : une taille de nymphe, un corps souple et fuselé, des cheveux d’or tombant sur les épaules en flotsopulents, de grands yeux gris-bleu, la bouche fine s’ouvrant sur une harmonieuse rangée de perles et, par-dessus tout, un air d’Agnès fait de douceur et d’innocence. « On ne pouvait voir rien de plus merveilleux », avouait Madame, peu indulgente pour les femmes, surtout les rousses. Elle était « fort au-dessus de tout ce qu’on avait vu depuis longtemps à Versailles, écrit Spanheim, accompagnée d’une taille, d’un port et d’un air capable de surprendre et de charmer une cour élégante ». Fontanges ? « Belle comme un ange » était l’expression qui revenait le plus souvent sous la plume des contemporains.
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