Zéro de conduite de Jean Vigo (1933) – (Film)

Emporté par une septicémie à l’âge de 29 ans (1905 — 1934) après n’avoir pu compléter que quatre films dont un long – L’Atalante –, Jean Vigo mérite bien le qualificatif d’«étoile filante» du cinéma. Filante, mais aveuglante pour certains, et pour d’autres une étoile de berger. Les jeunes turcs de la Nouvelle Vague française ne s’y trompèrent pas en se référant à lui comme un modèle, tant ses films, incarnant le cinéma avec une liberté absolue (et à quelques reprises combattue par la censure de l’époque), défiaient les académismes en place, mais aussi, par avance, ceux à venir. Zéro de conduite (1933, mais interdit d’exploitation jusqu’en 1945), notamment, concentre dans ses quarante-deux minutes toute la rébellion de son auteur contre les institutions sociales et cinématographiques, tout en préfigurant les aspirations de ceux qui prendraient la relève quelque trente ans plus tard.

«Zéro de conduite»: comme toute sanction, la sentence est aussi une arme, avec laquelle on assied son autorité, d’autant plus qu’elle vise le comportement. Et le film portant ce titre est bien le récit d’une guerre d’indépendance: mettant en scène l’indiscipline de collégiens (il a d’ailleurs pour sous-titre «jeunes diables au collège»), il la voit virer à la rébellion ouverte contre l’ordre établi par les professeurs et l’administration. Vigo narre cette guerre avec son parti pris, celui de la jeunesse. Cependant, la richesse de sa partialité est qu’elle ne se contente pas de favoriser les uns et de stigmatiser les autres: elle passe par la mise au jour de ce qui sous-tend cette lutte, de ce qui la rend nécessaire ainsi que la victoire des rebelles.

 

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