Le ministère de l’Intérieur était contre l’expulsion de l’église Sainte Rita!?

C’est Minute qui l’affirme : M”Mais quel est le con qui ?… » Au cabinet du ministre de l’Intérieur, mercredi matin, c’est la stupéfaction. Manifestement, il y a eu un couac. Un gros. De ceux qui n’arrivent qu’au moins d’août, quand les sous-effectifs disloquent la chaîne de commandement, même en plein état d’urgence, ou de ceux qui se produisent quand l’Etat est à ce point déliquescent que plus personne ne contrôle quoi que ce soit. Le couac, qui est une énorme faute, est l’évacuation par la force, au petit matin, de l’église Sainte-Rita dans le XVe arrondissement de Paris. […]

Un mois plus tôt pourtant, devant le Conseil d’Etat, les représentants du ministère de l’Intérieur avaient cherché à éviter l’expulsion. Dans un mémoire remis le 30 juin puis lors de l’audience publique, dans l’après-midi du 1er juillet, ils ont soutenu qu’il n’y avait nullement urgence à agir, et même qu’il n’y avait pas urgence à statuer. Ils avaient contesté jusqu’à la procédure même du référé, en expliquant que les conditions de mise en œuvre de l’article L. 521-2 du Code de justice administrative n’étaient absolument pas remplies, à savoir qu’on ne pouvait pas considérer que l’occupation de Sainte-Rita aux fins d’éviter, si ce n’est sa vente, du moins sa destruction, était une « atteinte grave »à l’exercice d’une « liberté fondamentale », qui aurait pu justifier l’usage du référé. Bien vu.

laurent-olleon

Ces mêmes représentants du ministère de l’Intérieur avaient ajouté, comme le note le Conseil d’Etat dans son ordonnance rendue le 5 juillet, que, depuis le 27 mai, date de la première ordonnance d’expulsion (suspendue par une action en appel), la mobilisation s’était accrue autour de l’église, notamment par « l’opposition de plusieurs élus locaux », et que les « risques de troubles à l’ordre public » s’en trouvaient augmentés en cas d’expulsion. Encore bien vu. Ils avaient encore fait valoir que, dans le contexte de l’état d’urgence et de l’Euro de football – il était en cours –, les forces de l’ordre avaient autre chose à faire que d’évacuer trois pèlerins et deux paroissiens qui ne faisaient de mal à personne… Toujours bien vu.

Le juge des référés du Conseil d’Etat n’avait rien voulu savoir et, statuant, avait décidé qu’il fallait expulser, et enjoint au ministère de l’Intérieur de procéder à l’évacuation. Un grand juriste et un fin politique que ce Laurent Olléon, hautement qualifié pour traiter de ce contentieux : il est spécialisé… dans les questions fiscales et énergétiques !

Issu de HEC et de la promotion Valmy de l’ENA, l’autre promo qui compte – et qui monte – après la cuvée Voltaire dont Hollande et Royal sont les diplômés les plus connus, Laurent Olléon est aussi – surtout ? – un ambitieux contrarié. Dans Hommes de… (éd. du Moment), Bérengère Bonte a raconté comment, en juin 2012, cet encarté au PS – depuis ses 17 ans – avait dû rouvrir les cartons qu’il avait préparés, dans son bureau du Conseil d’Etat, certain d’être appelé auprès de Hollande à l’Elysée. Le chef de l’Etat avait bien fait passer un coup de fil à la famille Olléon mais c’était madame qui avait gagné le gros lot, nommée ministre déléguée à l’Economie numérique. Madame ? Fleur Pellerin, dont Laurent Olléon est le mari ! Le monde est petit. Pour consolation, il deviendra finalement directeur de cabinet de Marylise Lebranchu, à la Décentralisation. […]

Or il s’est écoulé moins d’un mois entre la décision du Conseil d’Etat, le 5 juillet, et l’opération de police, le 3 août. A faire s’évanouir les maires qui veulent obtenir l’évacuation de campement de gens du voyage… […]”

Lu sur Salon beige

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