La mode ne connaît pas de frontières. En tout cas, c’est ce que semblerait illustrer cette nouvelle tendance : des jeunes filles en hijab, communément appelé le « voile islamique », qui adopte la mode lolita.
Pour rappel, la mode lolita est directement importée du Japon. Elle désigne ces filles en collants blancs, jupes évasées ou robes d’inspiration victorienne à cols Claudine. Un look de poupée, plutôt flamboyant, qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit « kawaii » (adorable ou mignon en japonais) et qu’on croirait tout droit sorti d’un manga.Aujourd’hui, une nouvelle tendance fait son apparition, les « hijab lolitas ». Il s’agit de filles musulmanes qui ont incorporé cette tendance japonaise à leurs propres tenues vestimentaires:
Alyssa Salazar est une jeune femme américaine de 25 ans, elle s’est convertie à l’islam et porte le traditionnel hijab. Elle s’est confiée à Vice sur les difficultés de concilier cette mode japonaise et sa religion. Mais, étonnement, ce ne sont pas ses looks de lolita qui posent le plus de problèmes. Quand des personnes lui font des remarques, c’est davantage pour critiquer son port du voile. « Il y a des gens qui passent et qui disent ‘Retire ça, on n’est pas en Irak !’ Mais quand je suis en Lolita, c’est différent. Les gens pensent que c’est un costume » raconte Alyssa. Elle s’est lancée dans ce mouvement après avoir acheté une jupe lolita à l’une de ses amies. C’est ensuite qu’elle a découvert que d’autres lolitas portaient le hijab, comme la blogueuse SugarNoor.
Dans cette communauté colorée, on pourrait penser que toutes les filles sont les bienvenues. Or, une page Facebook intitulée « Ban Lolita Muslims » (« Bannissez les lolitas musulmanes ») a utilisé des photos d’Alyssa pour relayer des propos islamophobes. La jeune femme ne se laisse pas faire pour autant. Pour elle, ces personnes ne représentent rien: « Ce ne sont que des trolls ». Elle ajoute même que le reste de la communauté est très accueillant. « Je n’ai jamais reçu de haine de la part de ma communauté. Ils sont très ouverts. Chez les Lolitas, les gens viennent de milieux très différents. Et ils sont très accueillants. Ils m’ont acceptée et ne me jugent pas. Ils trouvent ça plutôt cool ».
En réalité, Alyssa trouve même que la communauté des lolitas a été plus accueillante que la communauté musulmane. Car, en tant que convertie, elle s’y sentait mise à l’écart. Alyssa Salazar a créé son propre blog, The Hijabi Lolita, où elle poste des photos de ses looks au jour le jour. Des looks qu’elle décrit comme « coordinates », des coordinations, en raison de la difficulté à assortir chaque ensemble. Elle a aujourd’hui plus de 10 000 followers. La jeune femme veut montrer que, qu’importe la religion, la race ou la communauté à laquelle on appartient, on peut s’exprimer grâce à la mode. D’autant plus si la culture dont on vient émet des restrictions en cette matière.
