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L’imagerie des Guerres de Vendée a souvent souffert d’approximations qui ont affublé nombre de combattants du Bocage de peaux de biques chouannes et de chapeaux bretons. Certains peintres et illustrateurs ont heureusement évité cette facilité et fait œuvre d’historiens en restituant avec un souci constant du détail le vêtement, l’uniforme et l’armement du soldat de 1793. Goichon en est le meilleur exemple.
Auguste Justin Pierre Marie Goichon naît à Talmont (Vendée) le 19 avril 1890. Il est initié à la peinture par son père, simple peintre-vitrier, mais qui bénéficie d’une certaine notoriété locale pour ses trompe-l’œil. Ayant manifesté quelque talent dans cet exercice, le jeune homme entre en 1909 à l’École des Beaux-Arts de Nantes.
Caporal au 93e R.I. de La Roche-sur-Yon en 1914, il reçoit une blessure assez grave pour l’éloigner définitivement du champ de bataille. On le retrouve après guerre à Paris comme disciple de Jacques Onfray de Breville, plus connu sous son acronyme « Job ». Goichon s’en inspire d’ailleurs pour sa signature « ATE », forme contractée d’AugusTE. L’influence de Job s’observe également dans sa production : dessins humoristiques et publicitaires, reproductions d’uniformes et illustrations de livres.
Goichon collabore en effet avec Mame, l’éditeur tourangeau, pour orner des ouvrages d’aventures destinés à la jeunesse, et avec Larousse qui publie en 1933 ses deux planches consacrées au Poitou dans le livre « Nos provinces en images ». Goichon illustre d’autre part les uniformes de l’armée et de la marine pour le Larousse du XXe siècle. Il en fera sa spécialité.
Ses travaux de reconstitutions historiques de costumes des équipages de la Marine, réalisés pour l’Exposition internationale de Paris, sont en partie publiés en 1937. Un second ouvrage paraît l’année suivante sur les « Uniformes et marques distinctives des militaires non-officiers de l’armée de mer ». Sa notoriété est assise lorsqu’il reçoit, en 1940, le titre de « peintre officiel de la Marine ». Il choisit à compter de cette date une ancre pour signer ses œuvres.
Goichon est rentré en Vendée un an auparavant, dans la maison familiale, rue du Puy Ancelin où il installe son atelier. Ses vingt dernières années seront marquées par son retour à sa terre natale. Il commence à peindre des paysages à l’huile, inspirés par ses promenades au bord de l’Océan et dans l’arrière-pays talmondais.
Cet intérêt pour la Vendée réveille immanquablement son goût de la reconstitution historique, cette fois pour les combattants de 1793, Blancs et Bleus. La série de planches qu’il produit alors, au total 80 sujets, avec un soin du détail rarement égalé, constitue une documentation exceptionnelle pour l’histoire des Guerres de Vendée.
L’œuvre de Goichon, dispersée dans les musées et les collections particulières, est hélas trop rarement présentée. Un bel hommage lui a été toutefois rendu en 1990 lors d’une exposition organisée pour le centenaire de sa naissance.
Goichon s’est éteint à Talmont le 5 septembre 1961.