Consommation de masse…

Comment marche le monde d’aujourd’hui? Qui nous fournit réellement ce que nous mangeons, ce que nous portons, ce que nous consommons. L’homme et la femme modernes portent des jeans et mangent des plats surgelés. Dans leurs voitures, ils profitent de la climatisation. Dans les transports en commun, ils consultent leurs mails sur des smartphones. Le soir, ils surfent sur leurs tablettes. Tout cela nous parait bien commun, presque dérisoire. Pourtant, ce mode de vie est une réussite extraordinaire, le reflet d’une machinerie à la précision diabolique.

On peut légitiment être critique envers la consommation de masse, ce mode de société qui fonctionne sur la production en masse de biens de consommation, et pousse les individus à acheter et désirer toujours plus. Mais fournir chaque jour à des milliards d’individus des produits en tous genre requiert une organisation méticuleuse.

En Asie, certaines villes immenses sont mêmes dédiées entièrement à la production. A Yiwu, située à quelque 250 km de Shanghaï, on fabrique des jouets de Noël. Beaucoup de jouets de Noël. Selon Xinhuan, une agence de presse chinoise, 60% des biens reliés à Noël seraient fabriqués à Yiwu. Dans les ateliers de la ville, d’innombrables mains façonnent, collent et assemblent les objets qui seront ensuite acheminés par millions à travers le monde. Comment?

Tim Maughan est journaliste-reporter pour la BBC. Pour comprendre comment fonctionne l’approvisionnent en biens de consommation, il est parti sur un de ces immenses cargos, chargés de container. La marque de son cargo est elle-même symbolique : Maersk, le numéro un mondial du transport maritime. Il y a fort à parier que si vous donnez le nom de Maersk dans une soirée, personne ne saura de quoi vous parler. Et pourtant, l’entreprise est un mastodonte, employant plus de 100 000 personnes à travers le monde, et pesant à elle-seule près de 20% du PIB danois. En 2012, le géant contrôlait 644 navires. Derrière Maersk, on retrouve un Suisse, MSC, et un Français, CMA CGM.

En 2013, François Hollande avait d’ailleurs inauguré le Jules-Verne, le plus gros porte-conteneurs français. Ce navire, comme les autres porte-conteneurs, fait des allers-retours entre l’Asie et l’Occident pour transporter des biens manufacturés. Des millions d’entre eux. Car les infrastructures pour gérer la demande toujours plus importante de biens de consommations sont dignes de tous les superlatifs. Des ports de la taille d’une ville, des paysages faits de grues immenses, des champs de conteneurs à perte de vue.

Lors de son périple, Tim Maughan a distingué trois couches de cette immense chaîne d’approvisionnement : les grues, les camions et les champs de conteneurs. Afin d’être acheminés vers les différents ports de la planète, les conteneurs sont soulevés et transportés par les grues dans une danse “hypnotique” et sans fin, avant d’être transportés par des armées de camions. Une organisation complexe, précise et sans failles. La troisième couche est probablement la plus saisissante et la plus reconnaissable : des milliers de conteneurs, alignés comme des Lego, avec lesquels les camions jouent à Tetris.

“C’est comme si nous venions d’être autorisé à jeter un coup d’œil sur un endroit normalement secret, un coup d’œil à la gigantesque machine que représentent le capitalisme global”, décrit Tim Maughan .

Combien de temps ce système va perdurer? Probablement aussi longtemps que la planète sera “accro” à la consommation de masse. Le processus pourrait même devenir plus performant. Le port de Rotterdam a, par exemple, décidé de passer au tout-automatisé, avec des camions sans chauffeurs et des grues robotiques. Une nouvelle étape vers encore plus de performance?

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