La capitale allemande devrait ouvrir un lieu unique au monde d’ici quelques années ; l’édifice, appelé « Maison de l’Unique », devrait être un lieu de prière et de partage pour les trois grandes religions monothéistes – judaïsme, christianisme et islam.
La « Maison de l’Unique », un projet porté par le pasteur Gregor Hohberg, le rabbin Tovia Ben-Chorin et l’imam Kadir Sanci, sera construite sur les ruines de quatre églises retrouvées lors de des fouilles archéologiques, dont la plus ancienne église de Berlin, la « Petrikirche » (église saint Pierre). Dans cette « synagogue-église-mosquée », chacune des trois religions aura son propre espace de prière, de même superficie et au même étage, menant à une pièce commune où les fidèles pourront se rencontrer et discuter.
Interrogé par Radio Vatican, l’architecte jésuite Andréa Dall’Asta, directeur de la Galerie San Fedele à Milan, expert en art sacré et architecture religieuse, se montre à la fois admiratif et circonspect. Pour lui, l’idée est intéressante, car il s’agit « de faire tomber les murs, les divisions entre les différentes religions, qui sont considérées comme égales. Mais l’on se demande ce que cela signifie et quelles implications comporte le renoncement au caractère symbolique de l’édifice église, synagogue, ou mosquée. En considérant aussi la tendance de l’architecture chrétienne contemporaine à construire toujours moins d’églises monumentales et toujours plus, en revanche, d’églises qui ressemblent à des maisons parmi d’autres pour favoriser et exalter la dimension relationnelle, on peut se demander dans quelle direction nous conduira ce manque de symboles, qui ont marqué toute une tradition ».
Un projet à 43,5 millions d’euros
Un tout autre problème inquiète pour le moment les initiateurs du projet : trouvera-t-on l’argent nécessaire pour achever les travaux ? Le 3 juin dernier, le pasteur, l’imam et le rabbin se sont réunis sur le site de leur futur lieu de culte pour poser la première pierre symbolique du bâtiment, qui devrait ouvrir ses portes en 2018. D’après les trois hommes, les travaux pourraient commencer en 2016, si un quart de la somme nécessaire a été rassemblé d’ici là.
Car avant que ne s’exauce ce rêve de dialogue interreligieux, il faudra relever un défi bien moins spirituel : récolter 43,5 millions d’euros. Une collecte de fonds a donc été lancée début juin, notamment sur Internet.