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Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente une exposition inédite explorant l’amitié entre trois artistes majeurs du XXe siècle : André Derain (1880-1954), Balthus (1908-2001) et Alberto Giacometti (1901-1966).
Jamais confrontés, leurs regards se rejoignent par la même exigence de ce que doit être l’œuvre d’art. Tous trois partagent un fort désir de modernité, s’intéressent passionnément à la peinture ancienne et à l’art des civilisations lointaines tout en étant fascinés par « les forces obscures de la matière » (Derain) et plus largement par une attention aigue portée à la réalité « merveilleuse, inconnue » qu’ils ont sous les yeux (Giacometti). Bien au-delà d’une admiration réciproque et d’une véritable affection dont ils témoigneront tout au long de leur vie, la profonde communauté esthétique qui les réunit constitue le fil conducteur de l’exposition.
L’exposition présente une sélection exceptionnelle de plus de 350 œuvres (peintures, sculptures, œuvres sur papier et photographies), principalement centrée sur les années 1930 à 1960. Elle permet de revoir la part la plus importante de l’œuvre de Derain qui n’a pas été présentée à Paris depuis plus de vingt ans avec la rétrospective en 1995 au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, de revoir Balthus, (depuis 1983 la rétrospective du Musée National d’art moderne-Centre Pompidou) tout en portant un nouveau regard sur Giacometti.
La rencontre des trois artistes est favorisée au début des années 1930 par la fréquentation du milieu surréaliste – notamment au travers de la première exposition de Balthus chez Pierre Loeb en 1934. L’intensification de leurs relations à partir de 1935 démultiplie les croisements entre leur vie et leurs œuvres. Entre Saint-Germain et Montparnasse, ils rencontrent de nombreux artistes, écrivains et poètes dont Antonin Artaud en tout premier, Max Jacob, Breton, Aragon, Jean Cocteau, Reverdy, Oberlé, Desnos, Camus, Jouve, Beckett, Sartre et Malraux. Le théâtre tient une place majeure avec plusieurs projets avec Marc Allegret, Boris Kochno, Roger Blin et Jean-Louis Barrault, tout comme la mode avec Jacques Doucet, Paul Poiret, Christian Dior et le marché de l’art avec Pierre Loeb, Pierre Colle et Pierre Matisse.
Huit séquences témoignent de cette exceptionnelle amitié entre les trois artistes. L’exposition commence avec leur regard commun vers la tradition figurative et les primitivismes d’où naissent des métissages singuliers (Le regard culturel). Elle se poursuit avec leurs paysages, figures et natures mortes qui interrogent les codes de leur représentation du néoclassicisme à Corot et Courbet (Vies silencieuses). Ils proposent aussi les portraits croisés de leurs amis, modèles et mécènes communs (Les modèles). Ils nous entrainent dans le monde du jeu, celui de l’enfance et du divertissement où se mêlent, bientôt, une mélancolie, une certaine duplicité et une réelle cruauté (Jouer, la patience). Un Entracte nous fait entrer dans le monde du spectacle où les peintres se font aussi librettistes et décorateurs. Les projets de décors et de costumes sont l’occasion d’explorer les transitivités entre l’art du spectacle et celui de la peinture et de la sculpture. Giacometti ouvre un monde onirique avec Le rêve – visions de l’inconnu dans lequel Derain et Balthus réactualisent le thème de la femme endormie et du songe, à la lisière du fantasme et du vécu. Les artistes expriment leurs doutes et leurs interrogations au cœur du « lieu du métier » (A contretemps dans l’atelier), quand tous trois explorent « les possibilités du réel » face à la tragédie du temps (La griffe sombre). Balthus clôt le parcours en nous invitant dans le présent continu de la peinture avec sa thématique du Peintre et son modèle.
Les œuvres rassemblées pour cette exposition proviennent des plus grandes collections particulières et muséales du monde entier telles que le MoMA, le Metropolitan Museum, la Tate, le Hirshhorn Museum, le Minneapolis Institute, l’Albright-Knox Art Gallery, le North Carolina Museum of Art, le Wadsworth Atheneum Museum of Art, le Boijmans Museum, la Fondation Pierre et Tana Matisse, le Centre Pompidou, le Musée d’Orsay, la Fondation Maeght, la Fondation Beyeler, le Musée du Petit Palais à Genève, la Wacoal Holdings Co. à Kyoto. Et bien-sûr plusieurs œuvres des collections du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris qui vient de s’enrichir de la « Grande Bacchanale noire » de Derain, chef-d’œuvre de l’artiste et don exceptionnel de la Société des Amis du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
Jusqu’au 29 octobre 2017.