Resté célèbre pour avoir tourné le dernier film de Romy Schneider, La Passante du Sans-Souci, le réalisateur s’est éteint à l’âge de 87 ans.C’est un nom qui comptait dans le cinéma français des années 1970-1980. Le public se rendait alors dans les salles obscures pour y découvrir Le Sucre ou Sept morts sur ordonnance, pour citer deux des longs-métrages les plus célèbres de Jacques Rouffio…
Né à Marseille le 14 août 1928, Jacques Rouffio fait son entrée en cinéma comme assistant-réalisateur au début des années 1950, sur nombre de films de Jean Delannoy (La Route Napoléon, Obsession), Bernard Borderie (Le Gorille vous salue bien…) ou Jean-Pierre Mocky (Les Dragueurs, Les Vierges).
En 1966, il décide de se lancer lui-même dans la réalisation et tourne L’Horizon, prenant pour héros un jeune soldat blessé pendant de la Première Guerre mondiale (Jacques Perrin) que sa compagne (Macha Méril) tente de convaincre de ne pas repartir au front. Le film s’avère un lourd échec commercial, contraignant son auteur à attendre près de dix ans avant de passer à nouveau derrière la caméra.
Dénoncer les travers de la société contemporaine
Mais, cette fois, il s’agira d’un coup gagnant puisque Sept morts sur ordonnance (1975) est salué par la critique et le public. Sélectionné parmi les postulants au César du Meilleur film en 1976, ce drame psychologique pessimiste et acéré prend pour thème la rumeur se resserrant comme un étau autour de ses victimes (en l’occurrence, deux chirurgiens) et les poussant au suicide. Trois ans plus tard, Le Sucre cible la spéculation boursière et l’escroquerie financière, sur un mode plus satirique mais toujours bien sombre : Gérard Depardieu et Michel Piccoli, déjà présents dans Sept morts… donnent la réplique à un Jean Carmet époustouflant.
Ultime film de Romy Schneider
Mais si le nom de Jacques Rouffio reste gravé dans de nombreuses mémoires, c’est aussi grâce à La Passante du Sans-Souci (1982), d’après le roman de Joseph Kessel, le dernier film tourné par Romy Schneider. Le visage las et marqué, la comédienne y incarne, sur le fil du rasoir et de l’émotion, un double rôle (Elsa et Lina), avec pour toile de fond le nazisme, ses bourreaux et ses victimes. En 1989, L’Orchestre rouge marquera le clap de fin de la carrière cinématographique de Jacques Rouffio.
Le réalisateur se consacre alors exclusivement au petit écran où son style classique et son attention apportée aux comédiens – il aura fait tourner les plus grands noms du cinéma hexagonal – semblent particulièrement convenir aux adaptations romanesques. À l’image de cette Miss Harriet (2007), inspirée d’une nouvelle de Maupassant.