Il faisait des maths, il fait désormais de la politique. Il pouvait être Henri Poincaré, il a choisi d’être Raymond. Curieuse conjecture…
Voici donc que Cédric Villani se présente dans la cinquième circonscription de l’Essonne sous l’étiquette En Marche. À vrai dire, et de son propre aveu, il y a beau temps qu’il ne fait plus de maths, et que de conférences en interventions télévisées, il est moins un scientifique qu’un histrion derrière une lavallière.
Le théorème des HLM
Il se trouve que je sais deux ou trois choses sur cette circonscription, parce que j’ai enseigné deux ans au lycée des Ulis, et que j’ai zoné longuement dans le gigantesque centre commercial organisé autour de l’un des plus grands Carrefour © de France, au milieu de HLM assez peu pimpants peuplés d’une population pittoresque. Mes élèves venaient pour moitié de ces merveilles architecturales des années 1960, dressées à la verticale sur un plateau battu des vents, et pour moitié des Hauts-de-Bures, un entrelacs de petites maisons pimpantes pour cadres supérieurs cernés par la faune hostile. Très drôle. Très animé. Un architecte fou, probablement traumatisé dans son adolescence par les lycées-casernes d’autrefois, a conçu ledit lycée avec de jolis patios non couverts — pour la convivialité sans doute et le « savoir-vivre-ensemble » —, dans un pays où il bruine sans cesse. Grande réussite.
Tout autour, de grandes zones agricoles, et, plus loin, dans le prolongement, le plateau de Saclay. Pour l’essentiel, un paysage contrasté longtemps acquis à la gauche — la raison sans doute pour laquelle Villani, qui a dû quand même étudier les rapports de force et qui était dans le comité de soutien d’Anne Hidalgo, l’a choisi.
De la bande des auto-proclamés
Pourquoi pas, me direz-vous… Les scientifiques aussi ont le droit de s’intéresser à la chose publique… Oui. Encore faut-il qu’ils y comprennent quelque chose.
Je ne me serais pas intéressé à la question, nonobstant le fait que la candidate LR, Laure Darcos, est une amie et l’épouse d’un ami (qui en son temps fit de son mieux pour éradiquer l’hydre pédagogiste, et pour donner des crédits au GRIP, qui œuvre si bien pour le lire-écrire-calculer-compter), et qu’elle ne vient pas des éthers où s’entend la musique des sphères mais de la société civile pour de bon (Hachette, en l’occurrence — plus quelques activités péri-ministérielles qui ont dû la frotter quelque eu du souci de l’Etat) si un autre ami cher ne m’avait mis sur la piste d’une pétition parue le 5 mai dernier, juste avant le second tour de la présidentielle, dans l’Humanité. Il s’agissait d’« utiliser le vote Macron pour barrer la route au pire », et ce texte était signé d’une palanquée d’intellectuels, de scientifiques et d’artistes… Tous auto-proclamés. Dont Villani…
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