Selon l’enseignante à l’origine de cette initiative, les étudiants ne sauraient plus comment entamer, en plein jour, des relations amoureuses. Elle leur propose donc des rendez-vous galants en guise de devoirs maison.
Gagner des points à la fac en invitant quelqu’un à sortir avec vous? C’est possible au Boston College, si vous suivez le cours de Kerry Cronin. Son constat est le suivant: les jeunes ne savent plus séduire, et ils ont donc besoin d’un coup de pouce pour lâcher leur smartphone et organiser des rendez-vous réussis.
L’enseignante explique au Boston Globe comment l’idée lui est venue, alors qu’elle réalisait devant des centaines d’étudiants une conférence sur la culture des histoires sans lendemain, très développée sur les campus américains. Alors qu’elle anticipait nerveusement des questions tabous sur le sexe et l’intimité, c’est sur la façon d’inviter quelqu’un à sortir qu’elle s’est retrouvée interrogée, l’étudiant en question allant jusqu’à lui demander «les mots exacts» à employer.
Inviter quelqu’un à sortir, un devoir maison comme un autre
Kerry Cronin a donc décidé de donner un coup de pouce à ses étudiants, en proposant, de façon optionnelle au semestre d’automne, un devoir d’un genre bien particulier: inviter quelqu’un à sortir. Un travail pratique qui peut étonner pour un cours de philosophie portant sur les relations interpersonnelles et le développement personnel. Seul 1 étudiant sur 15 l’a fait. Au second semestre, l’enseignante a rendu ce «devoir maison» obligatoire, et a reçu des étudiants venant alors spécifiquement parce qu’ils avaient du mal à proposer spontanément à quelqu’un de sortir avec eux.
Selon cette professeur, les rendez-vous galants font partie des codes sociaux qui disparaissent peu à peu, notamment du fait des nouvelles technologies. Les étudiants ne savent plus par où commencer, ni comment se comporter.
Les premiers rendez-vous qu’elle impose -ou propose, selon les classes- doivent eux respecter des règles précises, comme tout autre travail universitaire. L’étudiant doit ainsi inviter une personne avec qui il se verrait réellement faire un bout de chemin, et le rendez-vous doit durer entre 45 et 90 minutes. L’invitation doit être formulée en face à face, en aucun cas par SMS ou email, et c’est l’instigateur du rendez-vous qui doit régler l’addition. Et interdiction de faire figurer au menu alcool, sexe ou même simples baisers.
Plus de 60 % des étudiants déclarent avoir déjà eu une histoire sans lendemain
Entre 60 et 80 % des étudiants d’Amérique du Nord déclarent avoir déjà eu une histoire sans lendemain, selon une étude publiée par l’association américaine de psychologie en février 2013. Pourtant, 63 % des étudiants de sexe masculin et 83 % des étudiantes déclarent dans le même temps préférer une «relation traditionnelle» à une liaison sans engagement.
Ainsi, la plus grande acceptation sociale des relations sans lendemain n’aurait pas fait disparaître, chez les jeunes, l’envie d’une relation stable et durable. Et c’est ici que Kerry Cronin entend intervenir, pour éviter que cette prédominance des histoires sans attache ne devienne un passage obligé.