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Iouri Andropov a occupé le poste de président du Comité pour la sécurité d’Etat (KGB) pendant 15 ans. Au cours de cette période il a transformé le contre-espionnage soviétique en un des plus forts services secrets du monde, il a mis en place un mécanisme parfait servant à assurer la sécurité de l’Etat et a fondé une unité anti-terrorisme numéro un en Russie, le groupe A.
Avant l’arrivée de Iouri Andropov à Loubianka (siège du KGB) en 1967, le KGB tentait d’allier de vieilles traditions du NKVD (Commissariat du peuple aux Affaires intérieures) aux impératifs de l’époque. Le KGB s’occupait de ses missions quotidiennes de contre-espionnage et exécutait, de temps en temps, des « missions spéciales » dans l’intérêt d’un tel ou tel groupe au Kremlin. La lutte menée en haut lieu entre divers groupes politiques après la mort de Staline a causé du tort au système de sécurité d’Etat. D’aucuns ont tenté même de l’utiliser à des fins personnelles. Après la désignation d’Andropov, l’activité du KGB a été placée uniquement au service de l’Etat.
Iouri Andropov avait à relever un défi de taille : diriger les organes de sécurité sans avoir l’expérience de travail en leur sein. Néanmoins, grâce à ses capacités analytiques et d’organisation il a réussi à lancé un nouveau format universel du système du KGB. Le membre du Conseil pour la politique étrangère et de défense Alexandre Mikhaïlov se souvient :
« S’il nous fallait un homme ayant une formation musicale, nous pouvions embaucher un musicien. S’il nous fallait un économiste de qualification supérieure, nous pouvions lui proposer un emploi et ensuite il travaillait chez nous avec succès. Nous avons eu la possibilité d’embaucher les gens dont nous avions besoin, ceux qui étaient en mesure de remplir les tâches assignées ».
Les résultats de cette approche n’ont pas tardé à venir. Selon Alexandre Mikhaïlov, un des principaux résultats a été une forte motivation du personnel à l’époque d’Andropov :
« Les gens qui travaillaient sous la direction de Iouri Andropov comprenaient qu’ils remplissaient d’importantes tâches d’intérêt national. Nous nous sentions toujours protégés, nous comprenions que les missions assignées ne dépassaient pas le cadre de la loi et qu’elles visaient à renforcer l’Etat. Le directeur de la CIA a dit plus tard que le KGB avait causé la ruine du réseau d’espionnage américain en URSS ».
Le KGB ne laissait pas sans attention la vie à l’intérieur de l’URSS. C’est sous la direction d’Andropov qu’a été formé le tristement célèbre Ve département, une police secrète s’occupant des dissidents. Ce département, appelé à protéger les fondements du régime socialiste, s’est trop occupé de la pureté idéologique de la société soviétique, tandis que la faillite de l’ensemble du système est passé, de fait, inaperçue.
Néanmoins, tous les experts en matière de sécurité reconnaissent la valeur de la décision que Iouri Andropov a adopté se trouvant à la tête du KGB. Il y a près de 40 ans, le 29 juillet 1974 apparaissait le groupe A, la première unité anti-terrorisme en Union soviétique et dans le reste de l’Europe de l’Est. A une époque relativement calme, les membres du groupe s’apprêtaient à lutter contre les phénomènes qui deviendraient fréquents une quinzaine d’années plus tard. Les prises d’otages, les détournements d’avions et les attentats terroristes d’une violence inouïe n’étaient à l’époque qu’une prévision des analystes. Par la création du groupe A, Iouri Andropov a pris les devants. C’est peut-être une des raisons du respect particulier qui lui est témoigné jusqu’à aujourd’hui par les anciens des organes de sécurité et les employés en fonction.
