Dans la nuit du 8 au 9 mai 1990, trente quatre tombes du cimetière juif de Carpentras sont profanées, le corps d’un octogénaire décédé peu de temps auparavant, Félix Germon, est exhumé. Si la communauté juive de Carpentras ne souhaite pas que l’affaire quitte le cadre local, tout est néanmoins entrepris par le pouvoir socialiste pour lui donner une dimension nationale. Alors qu’un an auparavant, une cinquantaine de sépultures du cimetière chrétien voisin avaient déjà été profanées, mais cette fois-là dans l’indifférence totale des médias, le pouvoir lance le 10 mai une énorme opération de mise en résonance hystérique des foules.
Pierre Joxe, le ministre de l’Intérieur de l’époque, se rend immédiatement sur les lieux. Entouré d’une noria d’officiels et de journalistes, le premier flic de France détruit délibérément tous les indices qui auraient pu servir à l’enquête. Il donnera aux services de police l’ordre de restreindre leurs investigations au seul Front national. Ce dernier a beau condamner la profanation, ses dirigeants locaux, Guy Macary et Fernand Teboul, ont beau eux mêmes être juifs, rien n’y fait : on assiste à un raz-de-marée politico-médiatique, savamment orchestré par l’appareil d’Etat, contre le Front national.
Le 14 mai suivant, le pouvoir organise à Paris une manifestation monstre anti Front national. 200.000 personnes défilent de la République à la Bastille, l’effigie de Jean Marie Le Pen est brûlée en place publique, comme aux grandes heures de la Révolution culturelle chinoise. Au premier rang de la manifestation, le cerveau de l’opération, le président de la République, François Mitterrand (photo à la manifestation). Pour Yves Bertrand, à l’époque directeur des Renseignements généraux : « La phase A du plan [de Mitterrand] étant accomplie — un FN à 15 % privant la droite parlementaire de plusieurs millions de voix —, il fallait passer à la phase B : rendre définitivement impossible toute alliance, même locale, entre cette même droite et les lepénistes ». Un plan destiné à permettre à la gauche de garder indéfiniment le pouvoir, face à une droite en guerre contre elle même.
La suite montrera que le FN n’a strictement rien à voir avec cette histoire.
Gilbert Collard, à l’époque avocat de la famille de Félix Germon, parlera de « manipulation » et de « mensonge d’Etat ». Moralité : les socialistes sont capables de tout, surtout quand ils sont aidés par la droite la plus bête du monde. Relevons enfin que l’élection de la députée Marion Maréchal Le Pen, à Carpentras même, a lavé l’honneur du Front national, plus sûrement que toute procédure judiciaire…