Le gouvernement socialiste, contraint et forcé, s’est souvenu de l’existence de la Guyane. Mais qui se souvient de Jules Crevaux, qui l’explora ?.

 Jules Crevaux (1847-1882), de formation de médecin de marine, avait reçu mission de Jules Ferry d’explorer la Guyane, de la connaître et de la faire aimer aux Français de la métropole.

Crevaux fut un explorateur de la trempe du célèbre colonel Fawcett (La Cité perdue de Z), leurs conceptions de l’exploration étaient similaires : « Deux chemises, un hamac, une moustiquaire, des vivres pour quelques jours, quelques instruments de mesure » et, dans le cas de Crevaux, pas de chaussures.

Jules Crevaux réalisa quatre expéditions en Amérique latine en alternance avec des séjours en France durant lesquels il donnait des conférences, rédigeait des rapports et des articles pour la revue Le Tour du Monde, articles qu’il illustrait de ses croquis ou de ses photos.

C’est lui qui, le premier, remonta le cours du Maroni, découvrit les mystérieux monts Tumuc-Humac et descendit le cours tumultueux du Yari. Durant ce périple d’un millier de kilomètres en territoires inexplorés, il fit la rencontre des Bonis, une société d’anciens esclaves noirs échappés et réfugiés dans la forêt, et se lia d’amitié avec l’un d’eux, Apatou, qui deviendra son compagnon d’exploration.

Lors de sa quatrième expédition sur le rio Pilcomayo (Bolivie, Argentine, Paraguay), Jules Crevaux débarqua sans le savoir au beau milieu d’une terrible guerre qui opposait les Argentins et les Indiens cannibales Tobas, qui le firent prisonnier et le dévorèrent.

Jules Crevaux symbolise l’explorateur désintéressé, celui qui, prêt à affronter sans crainte tous les périls, partait sans idées préconçues à la rencontre de l’autre, cet habitant de mondes véritablement différents.

Pierre Barbey – Présent

Photo en Une
Jules Crevaux, explorateur aux pieds nus. Debout à ses côtés, son guide et compagnon Apatou.