Même les pâtisseries sont racistes!

 

Une décision de justice, passée inaperçue parce que rendue entre les deux tours des élections départementales, illustre une fois de plus la volonté clairement hygiéniste et moralisatrice des habituelles officines stipendiées de régenter tous les domaines de la vie humaine. Dans le cas présent, il s’agissait rien moins que de supprimer des pâtisseries de l’étal d’une boulangerie, jugées offensantes pour la dignité humaine.
C’est ainsi que le juge des référés du tribunal administratif de Nice, dans une ordonnance rendue le 26 mars dernier, a décidé de faire droit à la requête du CRAN (Conseil représentatif des associations noires) en interdisant « sous astreinte de 500 euros par jour de retard, l’exposition au public dans la boulangerie à Grasse des deux figurines en chocolat », au motif qu’elles adoptent « la forme de deux personnes de couleur représentées dans des attitudes grotesques et obscènes [qui] porte atteinte […] à la dignité de la personne humaine et plus particulièrement à celle des personnes africaines ou d’ascendance africaine, populations dont le CRAN s’est donné pour objet statutaire la défense ».

 

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Pour mieux masquer sa véritable intention qui était de jeter l’opprobre sur l’artisan en lui imputant un comportement infamant de racisme, le CRAN eut l’audace d’exciper que les pâtisseries incriminées « constitu[aient] une atteinte au droit pour un mineur de ne pas être exposé à la vue de produits ou objets à caractère obscène ou pornographique ». Aux dires des plaignants, les friandises représentaient « de façon caricaturale et obscène un couple de personnes de couleur noire […] représentés nus, dans une posture obscène voire pornographique, et pourvus d’appareils génitaux surdimensionnés ». Le tribunal ne s’y est d’ailleurs pas trompé, qui a précisément mis en avant l’objet statutaire de l’association antiraciste et n’a nullement relevé le moyen fondé sur la protection des mineurs pour lui donner raison et condamner, in fine, le boulanger, déjà sous le coup d’une mesure de liquidation judiciaire.
La décision est d’autant plus surprenante que, de l’aveu général, ces pâtisseries étaient exposées en vitrine depuis une quinzaine d’années, sans que personne ne se fût ému, jusque-là, de leur indigeste exhibition. Il est, de plus, aisé de se persuader que leur fabrication réitérée répondait visiblement, depuis le temps, à la demande d’une clientèle particulièrement friande de ces gâteries, sans qu’elles lui eussent occasionné la moindre crampe d’estomac.
Après avoir ôté la cigarette à Albert Camus, expurgé Tintin au Congo ou Le Cid de Corneille, prohibé l’usage sémantique des « têtes de nègre » et autres « congolais », supplicié la langue française en recourant à une féminisation outrancière des fonctions et qualités, sans oublier les insipides périphrases destinées à atténuer la réalité, les nouvelles ligues de vertu ne reculent décidément devant rien pour imposer leur doxa comme leur logomachie politiquement correcte.

Lu sur Boulevard Voltaire

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