Vous avez envie d’assassiner votre voisin de table qui mange trop bruyamment ? La manière dont votre collègue tape sur son clavier vous empêche de travailler ? Le simple bruit d’une carotte qui se casse est comparable pour vous au crissement des ongles sur un tableau ? Vous êtes peut-être misophone. Ce terme désigne ceux pour qui certains sons, quasi inaudibles aux oreilles d’autres, peuvent entraîner des réactions intenses, et intensément désagréables.
(…)A noter que la misophonie se distingue de la phonophobie (la crainte d’avoir à écouter des bruits, de peur qu’il ne soit insupportable) et de l’hyperacousie (une hypersensibilité de l’ouïe : celle-ci peut entraîner de fortes douleurs après n’importe quel type de bruit).
(…) Pour l’heure, la misophonie n’est pas recensée dans le DSM-5, un manuel américain faisant (plus ou moins) office de référence dans le classement des maladies mentales. Et elle ne l’est pas non plus dans le CIM-10, un répertoire des maladies reconnues adopté par plusieurs pays, dont la France.
Il faut dire que les chercheurs en savent peu sur la nature et l’origine des troubles. Selon Aage R. Moller, il s’agit davantage “d’anormalités psychlogiques” que de problèmes auditifs. Selon lui, les personnes en proie à ces symptômes souffrent d’ailleurs souvent, en parallèle, de phobies, d’anxiété voire de troubles obsessionnels compulsifs ou de bipolarité. Selon le Dr Jastreboff, il pourrait même s’agir d’une mauvaise connexion de différents composants du système nerveux. Mais lesquels ? (…)Il existe peu de traitements fiables. Qui dit lacunes dans le diagnostic, dit également difficultés à trouver un traitement efficace. Le Dr Jastreboff, pour sa part, avance un traitement consistant à écouter les sons impliqués en les associant à un autre son plus agréable et qui capte l’attention, comme de la musique par exemple. Le hic? Ce traitement ne produirait des effets (dans 90% des cas selon le chercheur) qu’après… neuf mois de pratique !