J’ai fait un rêve : sur la scène de Bobino, en col roulé noir dans un décor rouge feu, Claude Guéant, Benoît Hamon et Christophe Castaner récitent « Histoire de ma b… ». Le Tout-Paris s’y presse. Au premier rang, François Hollande et sa Julie, les ministres en exercice, le président de l’Assemblée François de Rugy… Les illustres absents se sont fait excuser : ils sont au dîner annuel du CRIF.
Ces trois-là racontent les peurs, les angoisses devant ce membre qui, parfois, les trahit, qui vit sa vie en solitaire, échappe à leur contrôle et ne sait rien dissimuler de ses faiblesses. Tout est dit de la solitude du caleçon quand surviennent les sarcasmes d’une compagne indélicate, les angoisses de l’adolescence quand on la trouve trop petite, trop courte, trop moche… Et puis la peur de rater, de n’être pas à la hauteur des attentes quand la dulcinée découvre que le prince charmant n’est pas doté d’une baguette magique. Ils racontent aussi les souffrances endurées par les jeunes garçons dans ces sociétés où les rites initiatiques commencent par des mutilations… Ces hommes qu’on circoncit à vif avant de les envoyer dans le bois sacré avec un cataplasme d’argile et d’excréments sur le sexe, histoire de mieux cicatriser… Sois un homme, mon fils !
Dieu merci, je me suis réveillée de ce cauchemar, soulagée. Il y avait maldonne. Sur la scène de Bobino, ce sont les trois dames Bachelot, Schiappa et El Khomri qui récitaient Les Monologues du vagin. Rien à voir.
Les Monologues, c’est un peu la Litanie des saints du féminisme. Un écho aux sœurs d’outre-Atlantique, une révérence au militantisme de genre. C’est surtout, depuis vingt ans que tourne ce pensum écrit par Eve Ensler, un passage désormais obligé dans la vie d’une comédienne française (et, maintenant, d’une femme politique ?). Il y a, comme cela, des étapes incontournables dans la carrière des amuseurs publics, et ce « pilier du féminisme » (marque déposée) en fait partie au même titre que la condamnation du Front national. Impossible de passer à côté. Il faut sacrifier au rituel qui vous rangera du bon côté, sinon… direction la case chômage.
J’ai sacrifié un soir à l’obligation en question. Une invitation au théâtre Fontaine du temps où j’œuvrais dans les pages Culture d’un hebdomadaire. J’y avais trouvé un grand intérêt, je le confesse, mais pas en raison du texte qui m’est apparu comme une vraie purge. Non, c’était à contempler la tête des pauvres mâles qu’une compagne branchée avait traînés là et qui, bonne pâte, n’avaient pas osé refuser. Les malheureux qui se forçaient à sourire et à rire, contraints d’écouter un monologue indigeste qui les tournait au mieux en ridicule, au pire les rangeait tous dans la catégorie des salauds, se tortillaient sur leur fauteuil, pris qu’ils étaient d’une irrépressible envie de s’enfuir. Une torture.
Entendant des extraits du récital des trois dames citées plus haut me sont aussi revenues en mémoire quelques âneries bien épaisses qui émaillent ce texte. Par exemple, lorsque la dame se plaint d’avoir été larguée parce qu’elle « refusait de se raser le vagin »(sic). Je sais bien que, dans les temps antiques, cette caverne obscure effrayait parce qu’on la croyait « dentée » : nos ancêtres craignaient que cette bête vorace ne les castre. Mais de là à la dire velue ! Faut-il, alors, croire qu’Eve Ensler, l’auteur traduit en quelque cinquante langues, ne connaît pas la différence entre le pubis et le vagin ? Pour une spécialiste planétaire de l’entrejambe féminin, c’est fâcheux…
Pour finir sur une note gaie : on a appris que la SNCF, en ce 8 mars Journée mondiale de la femme, avait envisagé d’offrir des chocolats à ses passagères dans le TGV Paris-Lyon. Mais seulement en première classe.
Pourquoi pas des cacahuètes ?
Marie Delarue – Boulevard Voltaire