Dans une interview accordée à l’hebdomadaire allemand Die Zeit, le pape François confirme pour la première fois officiellement que l’Église catholique pourrait bientôt ordonner au sacerdoce des «viri probati», des hommes d’âges mûrs qui ont fait leur preuve pour remédier au manque de prêtres dans des régions reculées.
Le pape François confirme pour la première fois publiquement qu’il n’est pas opposé à la perspective d’ordonner au sacerdoce des hommes mariés dans l’Église catholique latine. Mais il réserverait cette possibilité aux seuls «viri probati» des hommes d’âges mûrs qui ont fait leur preuve sur le plan chrétien. François estime en effet que «permettre de choisir le célibat» ou non, à de jeunes séminaristes «n’est pas la solution» au «sérieux problème des vocations».
C’est la première fois que le Pape est aussi clair sur ce sujet. Il répond à une interview accordée à l’hebdomadaire allemand Die Zeit, daté du 9 mars 2017. «Nous devons réfléchir, dit-il, pour savoir si les viri probati sont une possibilité. Ensuite, nous devons aussi déterminer quel rôle ils peuvent jouer, notamment dans les communautés éloignées».
François estime même qu’il est de la responsabilité de l’Église de «discerner quand le Saint-Esprit appelle à quelque chose» à propos de l’ordination des «viri probati». On savait que le Pape avait autorisé la conférence des évêques brésiliens à lancer une commission d’étude sur l’ordination de «viri probati» pour permettre à des hommes mariés d’officier dans des contrées reculées où ne viennent que très rarement des prêtres. Mais cela n’avait jamais été confirmé officiellement.
L’Église pourrait évoluer sur le célibat sacerdotal
Le 3 janvier dernier, le théologien de la libération Leonardo Boff, ancien prêtre, aujourd’hui marié, avait assuré après l’avoir rencontré que «le pape François était prêt à autoriser pour une phase expérimentale, préliminaire, limitée au Brésil, le retour au sacerdoce d’anciens prêtres qui l’ont quitté parce qu’ils se sont mariés». La confirmation, en tout cas par le Pape lui-même, que le dossier de l’ordination de «viri probati» est à l’étude s’inscrit dans le contexte de la préparation d’un synode sur les jeunes et les vocations, programmé pour octobre 2018.
L’enquête préliminaire lancée le 13 janvier 2017 ne comporte pas de questions sur ce thème mais beaucoup pensent que les résultats de cette consultation mondiale – qui vont revenir à Rome d’ici l’été – vont demander à l’Église d’évoluer sur le célibat sacerdotal. Ce sujet pourrait donc se trouver au cœur de ce synode sur les vocations.
L’Église catholique autorise depuis toujours les prêtres mariés dans les Églises de rite oriental, au Proche-Orient notamment. Elle a imposé le célibat – qu’elle a toujours recommandé – dans l’Église latine , au XIe siècle, au titre de la discipline ecclésiastique et non pour des raisons théologiques. Théologiquement, rien n’empêche en effet un prêtre marié de célébrer validement les sacrements. Si l’Église le décidait, elle pourrait donc lever cette pratique.
Mais des religions qui autorisent le mariage de leurs rabbins, prêtres, pasteurs, imams rencontrent les mêmes problèmes de recrutement notamment parce que ces fonctions ne sont pas valorisées socialement.