Depuis la nuit des temps, l’esclavage a toujours consisté à déraciner par la force et la contrainte des êtres humains pour les entraîner loin de leur patrie, loin de leur famille, et les asservir au bénéfice d’autres être humains : les « esclavagistes ».
On croyait l’esclavage éradiqué et relégué au rang de déviances passées condamnées par tous.
En fait, nous vivons, aujourd’hui, un esclavagisme à plus grande échelle, mais tellement déguisé sous les traits de la vertu qu’il est approuvé par une grande majorité.
Voici l’arsenal de stratagèmes pour le mettre en œuvre. On notera le rôle important, voire primordial, dans ce processus décrit ci-dessous de façon schématique, de cet acteur que l’on regroupera sous le vocable « les associations ».
Acte 1 : on laisse croire aux populations des pays pauvres que l’enfer, c’est chez eux et que l’Europe, c’est le paradis sur terre. À tous points de vue. Alors, c’est la migration à travers l’Afrique, bien souvent. Jusqu’à la mer.
Acte 2 : entrent alors en scène les passeurs qui acheminent, par voie maritime, dans des rafiots, des barcasses, les malheureux, appâtés par le miroir aux alouettes.
Acte 3 : alors, ce sont les noyades en masse. Interviennent les secours des États côtiers et/ou d’associations dites humanitaires. Très important, les associations humanitaires. Les esclaves modernes sont embarqués dans les bateaux pour qu’ils terminent la traversée. Au passage, soulignons le beau travail de coopération, volontaire ou pas, entre les passeurs et les associations !
Acte 4 : les membres de ces associations n’arrêtent pas de faire de grands discours sur la générosité qu’il y a à accueillir ces nouveaux esclaves, mais ne veulent surtout pas en loger chez eux à titre personnel. Aussi ces pauvres hères sont-ils lâchés dans la nature, où ils errent comme des âmes en peine, allant de jungle en jungle, et surtout dégringolant de Charybde en Scylla, mille fois plus malheureux qu’ils l’étaient dans leur pays.
Acte 5 : pour se donner bonne conscience, ces associations – grassement financées par les subventions publiques, rappelons-le – donnent la becquée à ces malheureux que leur propagande a arrachés à leur patrie, à leur famille, à leur culture, à leurs racines, souvent même à leur langue maternelle.
Acte 6 : la majorité de ces malheureux ne rentrera pas chez elle et finira par gonfler la longue cohorte des esclaves des temps modernes, chargés de pousser et tirer les chariots de notre société pour un salaire de misère. Alors qu’ils seraient certainement plus utiles dans leurs pays pour œuvrer à leur développement et les sortir de la misère.
Edmond Guibe – Boulevard Voltaire