Un mur de verre pare-balles de 2,50 mètres de haut s’élèvera à partir de l’automne autour de la tour Eiffel, dans le cadre d’un dispositif permanent, élargi et plus «esthétique», pour renforcer la sécurité du monument emblème de Paris. Elle trône au centre de la ville lumière depuis 1889. Et la Dame de fer va bientôt se parer d’un manteau un peu spécial. La ville de Paris a annoncé que le monument payant le plus visité du monde sera protégé à partir de l’automne 2017 par un mur de verre pare-balles haut de 2,50 mètres. C’est le quotidien Le Parisien qui a révélé ce projet qui coûtera tout de même 20 millions d’euros. D’après la municipalité, il vise à remplacer les barrières disgracieuses en place depuis l’Euro 2016 de football.
«Nous allons remplacer les grilles métalliques sur les axes nord et sud par des panneaux de verre, qui permettront aux Parisiens et aux visiteurs de retrouver une vue très agréable sur le monument depuis le Champ de Mars et le pont d’Iéna», a expliqué Jean-François Martins, adjoint au Tourisme de la maire PS de Paris Anne Hidalgo.
Les habitués du célèbre monument risquent d’être un peu déconcertés. À la demande de la Préfecture de police, l’entrée se fera désormais par les jardins qui encadrent la tour, «notre volonté est d’aboutir à un véritable parcours paysager, avec des contrôles plus fluides, qui améliorera le confort des visiteurs et simplifiera leur circulation», précise Jean-François Martins.
Le nouveau dispositif s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan de quelque 300 millions d’euros sur quinze ans, annoncé le mois dernier, pour renforcer la sécurité, moderniser l’accueil et améliorer le confort de visite de la célèbre tour.
Peur d’un carnage à la Tour Eiffel
C’est le risque terroriste qui a motivé cette décision. Non seulement Paris a été la cible de plusieurs attaques djihadistes depuis 2015, de nombreux attentats ont été déjoués dans la capitale ces deux dernières années et le 3 février, un autre lieu très touristique, le Carrousel du Louvre, a été le théâtre d’une attaque à la machette sur des militaires.
Un contexte que Jean-François Martins ne s’est pas privé de rappeler lors d’un point presse : «La situation du risque terroriste reste élevée à Paris et les sites les plus exposés, au premier rang la tour Eiffel, doivent faire l’objet de mesures de sécurité particulières.»
Actuellement, le dispositif prévoit déjà palpation et fouille des sacs, dans un périmètre délimité par des barrières métalliques Heras et des Algeco «assez inesthétiques», selon l’élu.
Le nouveau système doit pouvoir empêcher «les intrusions et les projections sur le parvis, d’individus ou de véhicules». Il sera donc élargi et inclura les deux jardins et les deux lacs qui encadrent la tour.
Fronde politique et citoyenne
Si, une fois le contrôle effectué, la «circulation autour de la tour Eiffel ne changera pas, l’accès au parvis restera gratuit», selon Jean-François Martins, personnalités politiques et anonymes sur le web ont vertement critiqué le projet.
Le groupe communiste du Conseil de Paris a notamment estimé que ce plan faisait craindre «la prééminence d’une vision tour Eiffel–parc d’attraction, quand [nous] prônons une tour Eiffel monument historique, patrimonial et architectural». Il a publié un communiqué intitulé Non au mur autour de la tour Eiffel pour dire toute son opposition au mur de verre.
Si ses membres admettent que le le renforcement de la sécurité est nécessaire, le parvis «doit rester accessible et gratuit à tous, aux touristes, aux promeneurs, aux riverains».
Sur les réseaux sociaux, la dernière trouvaille de la mairie de Paris n’a pas fait l’unanimité. Certains internautes ont fustigé une dépense mal placée quand d’autres l’ont simplement moquée. Des twittos ont même parlé de projet «ridicule».
Le constructeur par encore connu
Pour le moment, «nous sommes en appel d’offres» a souligné Jean-François Martins. Pour de tels travaux, les Architectes des Bâtiments de France sont consultés. L’heureux élu devra ensuite être validé par la commission des sites et le ministère de l’Environnement. «Du point de vue de l’insertion patrimoniale, on ne peut pas construire ce que l’on veut», a déclaré l’adjoint au Tourisme.
Question planning, Jean-François Martins désigne un objectif de fin de travaux fixé à la fin 2017. «Le fait de sécuriser les lieux a tendance à rassurer les touristes. Ce qui les fait fuir, c’est quand les attentats arrivent», conclut-il.
La Tour Eiffel est un des monuments les plus visités au monde. Elle reçoit environ six millions de visiteurs par an.
Source