La poule, le nouveau NAC !

 De plus en plus de Français succombent à cette tendance venue des Etats-Unis et adoptent des poules comme animal de compagnie…

On se les arrache, mais pas question de les envoyer à la marmite. De plus en plus prisées comme animal de compagnie, à la campagne mais aussi en ville, les poules s’invitent dans les foyers aux côtés des chats, chiens et autres poissons. Explication d’un phénomène.

Un retour aux sources

«Les poules, ça m’évoque la campagne», déclare Reha Hutin, présidente de laFondation 30 millions d’amis, qui en possède six, ainsi que deux coqs. Synonyme de nature et de retour aux sources, elles ont de plus en plus d’adeptes. «Mes grands-mères avaient plein de poules, j’adorais aller chercher les œufs avec elle», se souvient Antonio Lopes Duarte, fonctionnaire et éleveur amateur de poules en Seine-et-Marne. En 2010, son amour des poules devient une passion et il se lance dans les concours agricoles. Il les bichonne ses poules chaque jour et en vend quelques unes à d’autres passionnés de gallinacées.

Un recyclage écologique

Elles dévorent tout sur leur passage, jusqu’à 150 kg de déchets par an et par poule! Insectes, escargots, limaces, les gourmandes picorent tout ce qu’elles trouvent et se régalent des restes de cuisine: fini les engrais et le gâchis alimentaire. Convaincue des atouts des poules, Lydie Pasteau, la maire de Pincé (Sarthe) en a offert aux habitants de la ville pour «réduire la quantité des déchets de chaque famille, produire de bons œufs et favoriser la convivialité entre voisins». Une opération qui a rencontré un franc succès. «La poule n’est pas qu’un animal de compagnie, explique Jérôme Michalon*, sociologue des rapports entre les hommes et les animaux, elle retrouve cette place utilitaire des animaux des fermes d’antan, elle rend service en aidant au recyclage et en fournissant des œufs».

81866743_oUn objet d’affection

En 2012, quand Hamid, commerçant dans la région Centre, achète six poules chez un éleveur, c’est d’abord par pragmatisme. «Il y a 2.500 m² de jardin chez moi et au bout du terrain il y a un bois, explique-t-il. Elles tuent les petits serpents et les mangent, c’est vraiment rassurant quand on a de jeunes enfants, et c’est sympa d’avoir de bons œufs frais à la maison». Mais il ne s’attendait pas à se prendre autant d’affection pour ses gallinacées. «Je les nourrissais et les rentrais dans leur enclos chaque soir. En me voyant, elles accouraient vers moi et mes enfants adoraient jouer avec elles, c’est très attachant», assure-t-il. Après avoir perdu deux de ses poules, «mangées par un renard», Hamid a confié ses poules à un ami. «Une chose est sûre, je n’aurais jamais pu les manger!»

Prise de conscience

En quelques années, les mentalités ont radicalement changé. «Il y a quinze ans, lorsque j’ai emmené ma poule chez le vétérinaire, il m’a dit «mais que voulez-vous que je fasse de cette volaille?», se souvient Reha Hutin. Aujourd’hui si votre poule est malade, elle est soignée comme n’importe quel autre animal de compagnie». Au-delà de l’anecdote, Reha Hutin note une prise de conscience. «Les gens ont été sensibilisés aux conditions de vie horribles des poules pondeuses dans l’élevage industriel, ils ont redécouvert cet animal, et le plaisir de manger des œufs sains».

Des poules dans son jardin: mode d’emploi

Prendre des poules en pension chez soi ne s’improvise pas et requiert un minimum d’espace. Si l’envie vous prenait d’installer des gallinacées dans votre appartement ou sur votre balcon, mieux vaut oublier, «ce serait comme avoir un dogue allemand dans un 14 m2!», s’étrangle Antonio Lopes Duarte. Pour leur bonheur, les poules ont besoin de vivre en groupe. «Il ne faut jamais prendre une seule poule, elle mourrait littéralement d’ennui, assure l’éleveur amateur, à partir de trois elles se sentent bien». Et côté habitat, ce n’est pas la taille qui compte. «Elles ont besoin d’un poulailler, pas trop grand mais ombragé, parce qu’elles ne supportent pas la chaleur, précise l’éleveur, et d’espace, pour s’éclater dans l’herbe».

Unknown-6Son amour des poules, Antonio Lopes Duarte le tient de ses grands-mères, qui avaient chacune une basse-cour bien remplie. Animé par le souvenir ému des chasses aux œufs de son enfance, il se lance et acquiert ses premières poules en 2003. Pour elles, il achète une maison dans le Berry avant de s’installer à Verdelet (Seine-et-Marne) en 2007. Bien installé à la campagne avec ses «filles», Antonio, fonctionnaire à la ville, possède aujourd’hui une centaine de poules.

Quelle place occupent les poules dans votre quotidien?

Une très grande place! C’est pour elles que je me suis installé à la campagne, pour qu’elles aient de l’espace. C’est une passion à plein-temps, qui m’occupe 365 jours par an.

Il y a quelques années, je suis passé par hasard devant un concours agricole, j’ai voulu m’arrêter cinq minutes, pour voir, et j’y ai passé la journée: la révélation! J’ai vite acheté mes premières poules et commencé à courir les championnats. J’ai passé huit concours ces derniers mois, c’est sportif! Mais j’adore m’occuper de mes poules, les regarder, les photographier, je ne m’en lasse pas.

En plus, c’est pratique d’avoir des poules chez soi, elles mangent tous les restes de cuisine. Et pour moi qui vis à la campagne et paie mes ordures ménagères au poids, je fais des économies considérables et c’est écolo!

Comment transmettez-vous votre amour des poules?

Je fais des ateliers pédagogiques dans des écoles. J’interviens dans des classes de dernière section de maternelle, de CP ou encore de CE1. J’apporte un poussin et ce qu’il faut pour en prendre soin, et les enfants s’en occupent au quotidien pendant un mois. C’est touchant de voir comme ils sont attentionnés et appliqués. Et lorsque je reviens pour le récupérer, il n’est pas rare qu’un enfant me demande s’il peut l’adopter et le rapporter à la maison. Je crée des passions et j’en suis ravi!

Parmi les poules que j’élève, je sélectionne celles qui feront de bonnes championnes et j’en vends quelques-unes à des gens qui ont envie d’avoir des poules à la maison. Je les invite à venir me voir, je leur fais visiter la ferme, la salle des naissances, je leur explique comment bien installer les poules. C’est important de répondre à toutes les questions. L’autre jour, j’ai répondu au mail de quelqu’un qui s’inquiétait de la santé d’une poule qu’il m’avait achetée il y a trois ans et qui ne sortait plus de son poulailler depuis quinze jours. Je lui ai expliqué qu’il ne devait pas s’inquiéter, qu’elle était simplement en train de couver.

Que dîtes-vous à ceux qui ne veulent pas manger d’œufs parce qu’ils ne veulent pas tuer de poussins?

C’est ce que ma petite-nièce m’a dit un jour, mais il n’y a pas de craintes à avoir. Pour qu’un œuf devienne un poussin, il faut que la poule ait été fécondée par le coq et qu’elle couve ses œufs pendant vingt et un jours. Or, les œufs que nous consommons n’ont pas été «cochés», c’est-à-dire que le coq n’a pas fait sa petite affaire avec la poule! Il n’y a donc aucun risque qu’un œuf pas coché devienne un jour un poussin.

C’est chouette d’avoir des poules à la maison, on a de bons œufs frais tous les jours. Et toutes les poules pondent, même les poules naines ou d’ornement, mais pas à la même fréquence. En moyenne, une poule pond deux cents œufs par an. C’est économique et très sain, on sait ce qu’ont mangé les poules et on évite les cochonneries industrielles.

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