Après le succès commercial, “American Sniper” se trouve au cœur d’une polémique politique. Certains reprochent à Clint Eastwood de réaliser un film de propagande pour la guerre en Irak.American Sniper fait décidément beaucoup parler de lui. Le dernier film de Clint Eastwood, après avoir battu le record de recettes au box-office américain, déclenche maintenant une polémique aux États-Unis. En cause : le scénario, qui tourne autour de Chris Kyle, le tireur d’élite ayant revendiqué le plus grand nombre de personnes abattues durant la guerre d’Irak. Et la France s’y met aussi avec l’UDI Pozzo di Borgho…
Les critiques culturelles ont en effet rapidement pris un accent politique. Mettre en valeur le “diable de Ramadi” – comme les insurgés irakiens le surnommaient – gêne plusieurs célébrités. C’est le cas par exemple de Michael Moore, réalisateur de Bowling for Columbine. Sur Twitter, il a évoqué l’un de ses oncles tués par un sniper durant la Seconde Guerre mondiale, avant de qualifier les tireurs d’élite de “lâches”.
Dans son éditorial ce jeudi publié dans le Baltimore Sun, la journaliste Susa Reimer affirme qu’elle n’ira pas voir American Sniper. Elle se demande même si le film tente “de reparler de la guerre en Irak et la vendre aux Américains”, ou s’il s’agit de “l’histoire d’un lâche qui dégomme des femmes et des enfants en restant à l’abri”.
Ces critiques ne plaisent pas à tout le monde. Sarah Palin, candidate républicaine à la vice-présidence des États-Unis en 2008 et figure de proue du Tea Party, a répliqué sur son compte Facebook. “Alors que vous caressez des trophées en plastique, que vous débattez en crachant sur la tombe des combattants de la liberté, sachez que le reste de l’Amérique considère que vous n’êtes pas dignes de cirer les bottes de combat de Chris Kyle.
Paul Rieckhoff, un vétéran de la guerre d’Irak, estime lui dans le magazine Variety qu’American Sniper “est le meilleur film jamais fait sur le guerre d’Irak”. Quant aux principaux concernés, Clint Eastwood, républicain assumé mais opposé à la guerre, a seulement affirmé avoir voulu réaliser un film “apolitique”. Bradley Cooper, qui incarne Chris Kyle, a évoqué “une étude de caractère” sans davantage s’épancher et encore moins alimenter la polémique.
Avec 6 nominations (dont le meilleur film et le meilleur acteur pour Bradley Cooper) aux Oscars, American Sniper a aussi plu aux professionnels de l’Académie du cinéma américain. Cette polémique, dans laquelle des réalisateurs (Michael Moore, Seth Rogen) sont pleinement impliqués, pourrait-elle avoir une incidence sur la course à la statuette ?
“L’équipe de Sniper espère que les membres de l’Académie se concentreront sur le film et non sur la tempête médiatique qui l’entoure et que le vote des Oscars ne se transformera pas en un référendum sur Kyle et la guerre en Irak”, rapporte le magazine The Hollywood Reporter. La cérémonie des Oscars aura lieu le 22 février à Los Angeles.