Dans une étrange tribune abritée sur le Blog de Mediapart, on peut lire, sous la plume d’un dénommé B. Girard, enseignant de son état, le constat suivant : « Détail significatif mais non relevé me semble-t-il : la peau claire des manifestants qui signe l’absence des banlieues et des quartiers les plus défavorisés. Où sont les populations issues de l’immigration, pour reprendre une formule facile ? Désolé, mais ce n’est pas la France réelle qui se défoule chaque samedi. »
Cette observation est intéressante à plusieurs titres.
D’abord, l’éducateur de « gauche » qui en est l’auteur considère que la seule révolte légitime doit être pluriethnique et portée au moins en partie par les immigrés et leurs descendants. Le vrai peuple est le peuple mélangé, tel est le credo. La France réelle est obligatoirement métissée. Le Français dit de souche n’est plus le vrai Français d’aujourd’hui. On croirait lire du Rokhaya Diallo dans le texte.
On voudrait démontrer que le processus de Grand Remplacement s’accompagne d’un phénomène de conquête mentale des petits Blancs et de résignation des intellectuels de bas niveau qu’on ne s’y prendrait pas autrement. On est bien loin de la lutte des classes, grille de lecture du socialisme d’autrefois. La gauche Terra Nova et assimilée va désormais chercher chez l’immigré un soutien et de quoi alimenter sa méfiance d’un peuple blanc rongé par le racisme, c’est bien connu.
Ensuite, il faut reconnaître que l’observation de cet enseignant est… juste ! Car il est vrai que Noirs et Arabes, sans être absents, sont manifestement peu nombreux dans les manifestations des gilets jaunes. Je puis en témoigner directement, mais il suffit de regarder en boucle BFM TV pour parvenir au même constat.
« Ce n’est pas notre combat », m’avouait même, dans un débat récent, une figure de ces milieux, mettant en avant, pour se justifier, la crainte d’être le bouc émissaire final, quand la police serait envoyée pour ramener l’ordre dans les banlieues si elles se joignaient au mouvement des Gilets jaunes.
On peut plus aisément y voir l’expression de la « tripartition » du corps social avec, d’un côté, la classe dirigeante et tous ceux qui vivent directement ou indirectement du système sans trop souffrir encore, d’un autre côté les laissés-pour-compte de la France périphérique et des classes moyennes et populaires paupérisées et, enfin, la France des immigrés, cimentée idéologiquement par l’islam, ne se sentant pas concernée par les déboires des seconds et vivant largement sous perfusion des crédits publics octroyés par les premiers.
Notre enseignant de « gauche » n’aimerait probablement pas ce raisonnement mais Karl Marx verrait de nos jours, dans ce prolétariat importé, « l’armée de réserve » utilisée autrefois pour réprimer les mouvements sociaux. Pour l’heure, elle n’est encore qu’inerte. Mais quand on observe la molle réaction des pouvoirs publics, pour ne pas dire leur mutisme, face aux incendies et troubles du Nouvel An dans les banlieues en comparaison des déclarations gouvernementales tonitruantes suscitées par les rassemblements de Gilets jaunes, on peut se poser la question de cette curieuse alliance, de ce pont entre immigration et oligarchie.
L’hommage aux morts de Charlie Hebdo est passé quasiment inaperçu, cette année, relégué au second plan des démêlés d’un boxeur avec les CRS. Pendant cet hommage, il est vrai, Emmanuel Macron recevait à l’Élysée les représentants du culte musulman pour discuter d’inflexions à une loi de 1905 qui les chagrine tous.
La crise des Gilets jaunes appuie décidément sur les fractures en biais qui fragilisent tant une société française à bout de souffle.
Serge Federbusch – Boulevard Voltaire