Qui veut acheter Le Chasseur français?

Monument de l’histoire de la presse française, le mensuel sur la chasse fait l’objet de diverses convoitises. Mondadori France pourrait aussi finalement conserver le journal créé en 1885.

Centre France-La Montagne est le dernier en date parmi les acquéreurs potentiels du pôle Chasse de Mondadori France. Outre Le Chasseur français – encore diffusé à plus de 250 000 exemplaires – ce dernier comprend également les magazines Connaissance de la chasse et Grand gibier, mais aussi le site de e-commerce Naturabuy. Le groupe de presse quotidienne régionale auvergnat, qui rayonne entre Chartres et Aurillac, regarde le dossier pour deux raisons majeures. Le lectorat, rural, du Chasseur français, est proche de celui de ses sept quotidiens (La Montagne, La République du centre, Le Berry républicain, etc.) et de ses hebdomadaires (La Gazette de Thiers, etc.), voire identique. Ce voisinage sociologique permettrait à La Montagne de faire jouer notamment des synergies publicitaires, mais également d’agir en termes de diffusion.

Côté événementiel, une acquisition des actifs chasse de Mondadori signifie beaucoup pour le groupe auvergnat. Il est lui-même l’organisateur du Carrefour national Pêche & nature à Clermont-Ferrand, l’un des tout premiers du secteur. Opérateur de PQR, Centre France est néanmoins aussi présent – modestement – en presse magazine. Il est l’éditeur du mensuel Opéra magazine, racheté par son ancien président, Jean-Pierre Caillart, passionné d’Opéra. Y agréger Le Chasseur français permettrait à Centre France de constituer un embryon de pôle magazine.

Si l’intérêt du groupe auvergnat se confirme, il se retrouverait en compétition face à au moins trois autres candidats. Parmi eux figure les éditions Versicolor. Basé dans les Yvelines, ce dernier édite le mensuel Nos chasses, lié à la Fédération nationale des chasseurs. Outre la question de l’indépendance rédactionnelle, celle de la surface financière est posée concernant ce groupe de taille réduite. Car Mondadori est gourmand concernant sa pépite. Si son prix n’a pas été dévoilé, il se chiffrerait en millions d’euros. Avec une quinzaine de millions d’euros de recettes en 2015, le pôle Chasse a dégagé environ quatre millions d’euros de bénéfice d’exploitation. Une belle performance dans le contexte dégradé de la pratique cynégétique (-5 % chaque année), et de la baisse de diffusion de l’ensemble des magazines à centre d’intérêt. Du coup, faute d’offre acceptable, Mondadori pourrait « rentrer la vache à l’étable », selon un bon connaisseur du groupe. La filiale française du géant italien a mis en vente ses titres nature l’été dernier. Objectif, se concentrer sur les deux créneaux jugés prioritaires du groupe, le féminin (Grazia, Biba) et la télévision (Télé poche, Télé loisirs).

Charles Mansel – Présent

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